Selon l'OMS, travailler plus de 55 heures hebdomadaires augmente le risque de décès

Une étude publiée lundi 17 mai indique que les travailleurs concernés ont plus de risques d'être touché par un AVC ou une maladie cardiaque.

Source AFP

L'étude de l'OMS et de l'OIT porte sur les années précédant la pandémie mondiale de coronavirus.
L'étude de l'OMS et de l'OIT porte sur les années précédant la pandémie mondiale de coronavirus. © Aurélie AUDUREAU / MAXPPP / PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP

Temps de lecture : 4 min

Il s'agit de la première analyse mondiale des pertes de vies humaines et des atteintes à la santé associées aux longues heures de travail. Selon une étude de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Organisation internationale du travail (OIT) révélée lundi 17 mai et publiée dans la revue Environment International, tavailler plus de 55 heures par semaine augmente le risque de décès dus aux maladies cardiaques et aux accidents vasculaires cérébraux. Ces travaux, pour lesquels les auteurs ont synthétisé les données issues de dizaines d'études portant sur des centaines de milliers de participants, portent sur les années précédentes, avant la pandémie mondiale de coronavirus qui accélère les évolutions susceptibles de renforcer la tendance à travailler pendant de plus longues heures.

Le point du soir

Tous les soirs à partir de 18h

Recevez l’information analysée et décryptée par la rédaction du Point.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

« Travailler 55 heures ou plus par semaine représente un grave danger pour la santé », a souligné la Dr Maria Neira, directrice du Départment environnement, changement climatique et santé à l'OMS. « Il est temps que tous - gouvernements, employeurs et salariés - nous admettions enfin que de longues heures de travail peuvent entraîner des décès prématurés », a-t-elle ajouté. L'étude conclut que le fait de travailler 55 heures ou plus par semaine est associé à une hausse estimée de 35 % du risque d'accident vasculaire cérébral (AVC) et de 17 % du risque de mourir d'une cardiopathie ischémique par rapport à des horaires de 35 à 40 heures de travail par semaine.

Les hommes plus concernés par ces risques

L'OMS et l'OIT estiment qu'en 2016, 398 000 personnes sont mortes d'un AVC et 347 000 d'une maladie cardiaque pour avoir travaillé au moins 55 heures par semaine. Entre 2000 et 2016, le nombre de décès dus à des cardiopathies liées aux longues heures de travail a ainsi augmenté de 42 %, un chiffre qui s'établit à 19 % pour les AVC. La plupart des décès enregistrés concernaient des personnes âgées de 60 à 79 ans, qui avaient travaillé pendant 55 heures ou plus par semaine lorsqu'elles avaient entre 45 et 74 ans.

En résumé, indique l'OMS, « maintenant que l'on sait qu'environ un tiers du total de la charge de morbidité estimée liée au travail est imputable aux longues heures de travail, cela en fait le premier facteur de risque de maladie professionnelle ». « Nous n'avons donc trouvé aucune différence entre les sexes en ce qui concerne l'effet des longues heures de travail sur l'incidence des maladies cardiovasculaires », a déclaré Frank Pega, expert à l'OMS, en conférence de presse.

Toutefois, la charge de morbidité est particulièrement importante chez les hommes (72 % des décès les concernent) car ces derniers représentent une grande part des travailleurs dans le monde. Elle est aussi plus importante chez les personnes vivant dans les régions du Pacifique occidental et de l'Asie du Sud-Est, où, a expliqué Frank Pega, il y a davantage de travailleurs du secteur informel suceptibles d'être obligés de travailler pendant de longues journées.

À LIRE AUSSI Après le Covid, une vie de bureau en miettes ?

« Aucun emploi ne vaut que l'on prenne le risque d'un AVC ou d'une maladie cardiaque »

L'OMS est d'autant plus inquiète face à ce phénomène que le nombre de personnes travaillant de longues heures est en augmentation. Il représente actuellement 9 % du total de la population mondiale. La pandémie ne devrait guère aider à renverser la tendance. Au contraire. « Le télétravail est devenu la norme dans de nombreux secteurs d'activité, estompant souvent les frontières entre la maison et le travail.

Par ailleurs, de nombreuses entreprises ont été contraintes de réduire ou d'interrompre leurs activités pour économiser de l'argent et les personnes qu'elles continuent d'employer finissent par avoir des horaires de travail plus longs », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS. Mais, a-t-il averti, « aucun emploi ne vaut que l'on prenne le risque d'un accident vasculaire cérébral ou d'une maladie cardiaque. Les gouvernements, les employeurs et les travailleurs doivent collaborer pour convenir de limites permettant de protéger la santé des travailleurs ».

Citant une étude du National Bureau of Economic Research dans 15 pays, Frank Pega a indiqué que « le nombre d'heures de travail a augmenté d'environ 10 % pendant les confinements ». Le télétravail, associé à une numérisation des processus de travail, rend plus difficile la déconnexion des travailleurs, a-t-il dit, recommandant d'organiser « des périodes de repos ». La pandémie a également accru l'insécurité de l'emploi, ce qui, en période de crise, a tendance à pousser ceux qui ont gardé le leur à travailler plus pour montrer qu'ils sont compétitifs, a relevé l'expert.

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation
Lire la charte de modération

Commentaires (24)

  • Mickey83

    Avec la législation Française des "35 heures par semaine", on ne devrait pas avoir de Problèmes. Mais cela concerne que les salariés.

    Je pense que nous somme le Pays Européen qui a une législation aussi restrictive, au détriment du développement, économique ! ?

    LES TRAVAILLEURS INDEPENDANTS, LES COMMERCANTS ET ARTISANS, eux font pratiquement plus de 60 heures par semaine, compte tenu du travail après fermeture de leur magasins ou atelier.

    Leur taux d'accident cardiaque est-il plus important que les travailleurs qui ne font que 35 heures. ?

    J'ai commencer à travailler à 14 ans, en usine, puis en indépendant, et ayant
    entamé ma 99ème année. Je me pose des questions : Comment se fait-il que je suis encore là ?

  • DD prof

    J’étais enseignant chercheur... Et de 45 à 65 ans je travaillais plus de 70 h par semaine... Et je suis toujours en vie à 76 ans !... Par contre j’ai ménagé mon stress en refusant beaucoup d’invitations et de conférences invitees très valorisantes pour son ego mais qui étaient néfastes pour mon stress. ... Les publications écrites ou les livres étaient mes moyens préférés de diffusion des connaissances. S’assoir à son bureau à 21 h et travailler au calme jusqu’à 3 h du matin est très épanouissant : certes on peut le voir comme une forme d’ego mais aussi inversement comme une forme de dons aux autres des connaissances qu’on a pu acquérir ou que l’on peut encore faire progresser (ce qui procure beaucoup de satisfaction et d’apaisement très bons pour la santé, en se sentant très utile pour les autres). Sans doute que tous les métiers ne permettent pas ce choix de vie, mais plus que la durée du travail, ce sont les conditions de travail et de vie (et notre sagesse aussi) qui conditionnent probablement notre longévité... Sans parler de nos gènes conditionnés par notre hérédité.

  • Djill59

    Rien faire c'est la conserver... (H. Salvador)