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EXCLUSIF Coronavirus : la glissade des dépenses d'assurance-maladie s'accentue

Les revalorisations des salaires des personnels hospitaliers vont coûter 1 milliard dès cette année. Et la facture des tests Covid-19 croît rapidement. Le dérapage des dépenses d'assurance-maladie atteindrait 9 milliards en 2020.

Les deux ministres de tutelle de la Sécurité sociale, Olivier Véran et Olivier Dussopt, sont confrontés à la hausse du coût des tests Covid.
Les deux ministres de tutelle de la Sécurité sociale, Olivier Véran et Olivier Dussopt, sont confrontés à la hausse du coût des tests Covid. (ALAIN JOCARD-POOL/SIPA)

Par Solveig Godeluck

Publié le 7 sept. 2020 à 18:34Mis à jour le 7 sept. 2020 à 19:23

Ce n'est plus une pente, c'est un dévaloir. Le dérapage des dépenses de l'Assurance-maladie lié au coronavirus pourrait atteindre 9 milliards d'euros en 2020, selon une source gouvernementale. Un surcoût exceptionnel de 8 milliards nets ( 12 milliards moins 4 milliards de sous-consommation de soins ) avait déjà été annoncé en juin pour acheter des masques, des blouses, des tests, verser une prime aux soignants, et des indemnités journalières aux travailleurs empêchés. Pis, personne ne sait où cette descente infernale qui va se poursuivre en 2021 va s'arrêter.

En juin, il y avait encore une inconnue majeure : combien coûterait le Ségur de la santé . Les accords signés en juillet prévoient plus de 8 milliards d'euros de revalorisations annuelles pour les personnels hospitaliers, dont 183 euros nets par mois d'augmentation « socle » pour tous. « De mémoire de syndicaliste, il y a trente ans qu'on n'a rien vu de tel. On a rattrapé dix ans de retard », salue le négociateur FO, Didier Birig.

La semaine dernière, lors de la première réunion du comité de pilotage du Ségur, le gouvernement a annoncé que le versement de la première tranche de 90 euros interviendrait dès septembre et non en janvier, pesant finalement sur les comptes 2020 de la Sécurité sociale. Soit 1 milliard d'euros de plus, selon nos informations, auxquels s'ajouteront 7 milliards en 2021. « Le gouvernement a compris qu'il fallait être bienveillant avec les agents hospitaliers, pour éviter qu'ils ne se mettent en arrêt de travail s'il y a un rebond de l'épidémie en septembre-octobre », en déduit Didier Birig.

Tests salivaires

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L'objectif national des dépenses d'assurance-maladie (Ondam) pour 2020, dont la croissance est passée de 2,5 % à 6,5 % au printemps , s'établirait ainsi à 7 %… sans compter la multiplication des tests, qui pourrait rajouter encore 0,5 point. En effet, l'épidémie a repris de la vigueur pendant l'été. Il a fallu doubler la capacité de dépistage. Le seuil de 1 million de tests effectués par semaine vient d'être dépassé. Or le virus ne donne aucun signe d'affaiblissement , au contraire. A moins d'un revirement, il est donc probable que le dépistage va continuer à caracoler aux limites de ses capacités, car le triptyque tester-tracer-isoler est considéré comme la seule alternative à un confinement dont personne ne veut.

Rien que pour les quatre derniers mois de l'année, le coût pourrait se rapprocher d'un milliard d'euros, sachant qu'un test virologique et son traitement en laboratoire par amplification ADN coûtent 73 euros à la Sécurité sociale (avec prise en charge à 100 %). C'est bien plus que ce qui avait été prévu au printemps. Et cela n'ira pas en s'améliorant, car pour 2021, les autorités sanitaires prévoient une poursuite de l'effort financier massif sur les tests. Le gouvernement s'apprête donc, selon nos informations, à inscrire d'importantes provisions dans le budget de la Sécurité sociale à cet effet - qui serviront le cas échéant à acheter le vaccin contre le Covid-19 dès qu'il sera prêt.

Pour amoindrir le coût du dépistage, il y a peu de solutions à court terme. Le ministère de la Santé est en train d'examiner qui se fait tester afin de voir s'il n'y a pas d'abus, par exemple des employeurs qui exigent un test avant de revenir au bureau. Par ailleurs, les pouvoirs publics espèrent réussir à la fois à traiter plus de monde et à réduire l'addition en proposant au remboursement des tests rapides disponibles en pharmacie et ne nécessitant pas d'analyse en laboratoire : prélèvement virologique salivaire ou sérologie, en poinçonnant le bout du doigt. Mais les sociétés savantes et la Haute Autorité de santé devront se prononcer sur leur fiabilité. Comme aucun grand pays n'a franchi le pas, cela risque de prendre du temps.

Solveig Godeluck

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