Tribune. Quelque 145 présidents et doyens de faculté ont lancé un cri d’alarme récemment dans une tribune au Monde : « Le CHU, ce “navire amiral” de notre système de santé, prend l’eau, surtout du côté académique », publiée le 4 juin. Ils ont souligné, à juste titre, deux points d’inquiétude : le Ségur de la santé a oublié l’université et a même supprimé l’avis des doyens sur la nomination des chefs de service ; les facultés de médecine sont étouffées par la réforme des études médicales, et la proposition de créer 250 postes sur cinq ans, soit un par an et par faculté, est totalement à côté de la réalité des besoins. Cette tribune conclut en appelant à « replonger l’université et les facultés au centre du dispositif comme tous les pays ayant une ambition dans le domaine ».
Justement, il serait bon d’analyser ce qui se passe dans les systèmes de santé des autres pays, totalement différents du modèle français. En effet, le plus souvent, l’hôpital est une composante de l’université ou encore l’université choisit elle-même les hôpitaux avec lesquels elle souhaite collaborer dans l’intérêt d’abord des étudiants et ensuite de la recherche.
Ce n’est pas du tout le cas dans le système français où l’hôpital, centre hospitalier régional (CHR), est obligatoirement, et pour tous ses services, en lien avec l’université. Il est évident qu’au sein d’un CHR tous les services ne sont pas égaux. Certains sont des services de proximité qui n’ont pas la dimension universitaire. Pour ajouter à la complexité, l’université ne peut pas contractualiser avec d’autres hôpitaux que le CHR sans son avis conforme. Dans la plupart des centres hospitaliers universitaires (CHU), ce n’est pas l’université qui est le maître du jeu, mais le directeur général du CHU.
Comment faire simple ?
Il faut renverser les rôles et redonner la primauté à l’université. C’est cela « faire comme tout le monde » : c’est aller au bout de l’autonomie des universités, notamment dans le champ de la santé et laisser l’université contractualiser avec qui elle veut dans son intérêt. C’est notamment le cas dans le système américain et dans la plupart des systèmes européens.
Comment faire simple ? D’abord en réécrivant l’article 6 de l’ordonnance de 58 : « Des conventions peuvent être conclues par les facultés ou écoles et par les établissements hospitaliers, agissant conjointement, avec d’autres hôpitaux ou organismes publics ou privés susceptibles d’être associés aux diverses missions. » Et en supprimant « et par les établissements hospitaliers, agissant conjointement ». La disposition législative devient : « Des conventions peuvent être conclues par les facultés ou écoles avec des hôpitaux ou organismes publics ou privés susceptibles d’être associés aux diverses missions définies à l’article ». Faire comme tout le monde, c’est mettre l’université au cœur du système.
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