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L'Allemagne adopte un minimum vieillesse

La coalition d'Angela Merkel introduit un minimum retraite. Un coup de pouce en faveur des femmes et des Allemands de l'Est et un gage de stabilité pour des partis de gouvernement dans la tourmente.

Plus d'un million de « retraités pauvres » devraient bénéficier du minimum vieillesse à partir de 2021
Plus d'un million de « retraités pauvres » devraient bénéficier du minimum vieillesse à partir de 2021 (Getty Images/Westend61)

Par Nathalie Steiwer

Publié le 19 févr. 2020 à 16:22Mis à jour le 19 févr. 2020 à 16:38

C'était l'un des piliers du contrat de la coalition dirigée par Angela Merkel. Après deux ans de bataille, l'introduction d'une retraite de base pour les plus pauvres a été adoptée par le gouvernement d'Angela Merkel mercredi. Plus d'un million de bénéficiaires devraient recevoir un complément de retraite à partir de 2021. L'addition s'élève à 1,3 milliard d'euros financés par les recettes fiscales.

« C'est la plus grande réforme de politique sociale de cette législature », a assuré le ministre des Affaires sociales et de l'emploi, Hubertus Heil (SPD), en présentant son dispositif. Pour une femme « qui fait le ménage dans un hôpital et perçoit 770 euros par mois après 40 ans de cotisation, la retraite de base fera une différence de 300 euros ». « Ce n'est pas la richesse » mais c'est mieux que l'aide sociale, a commenté le ministre.

21% des vieux menacés de pauvreté en 2040

Près de 70 % des bénéficiaires seront des femmes, qui travaillent davantage à temps partiel, et les Allemands de l'Est, dont les revenus sont toujours plus faibles qu'à l'Ouest, trente ans après la réunification.

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Selon l'institut d'économie de Berlin, la DIW, environ 3 % des personnes âgées subsistent actuellement grâce à un minimum social. Cette situation risquait de s'aggraver dangereusement : selon les projections, 21% des personnes âgées allaient passer sous le seuil de pauvreté dans les vingt prochaines années, même avec des perspectives économiques positives. 

Cheval de bataille du SPD

Les sociaux-démocrates avaient fait de cette réforme leur cheval de bataille, avec en ligne de mire la progression de l'extrême droite précisément dans ces régions de l'Est où les « retraités pauvres » sont les plus nombreux.

Accouchée à un moment politique essentiel tant pour la CDU, lancée dans une guerre de succession , que pour le SPD, à la veille d'élections à risque à Hambourg, la réforme ne fait pourtant pas l'unanimité. La retraite de base « dans sa forme actuelle ne peut être justifiée que parce qu'elle préserve la paix de la coalition », tacle Joachim Ragnitz, de l'institut d'économie Ifo, réputé proche des conservateurs.

En cause : elle ne couvre que ceux qui ont cotisé au moins 35 ans, en comptant les années passées à élever des enfants ou à accompagner des proches. Les retraités qui ont cotisé moins de 35 ans ou qui ont été longtemps au chômage ne sont pas concernés. Or, « moins d'un tiers des personnes ayant droit à une pension de base auront les 35 années d'assurance requises », écrit Johannes Geyer, du DIW.

Financement dans le flou

Les critiques se concentrent également sur le financement du dispositif par l'impôt et donc son poids pour les générations futures. Pour l'heure il est prévu de l'alimenter par une future taxe sur les transactions financières et « il n'y a pas de plan B » a reconnu Hubertus Heil.

Le représentant du patronat allemand (BDA), Ingo Kramer, critique vertement la frontière floue entre les retraites financées par les cotisations salariales et patronales et les aides sociales.

Le débat sur la réforme du minimum vieillesse en est encore à ses prémices en Allemagne. La commission, qui prépare une réforme de l'ensemble du système de retraite, a reporté la conclusion de ses travaux à fin mars. Avec, au centre du débat, l'allongement de l'âge de la retraite, passé de 65 à 67 ans à l'horizon 2030 lors de la dernière réforme datée de 2012. La « Bundesbank » jette régulièrement un pavé dans la mare en plaidant pour une retraite à près de 70 ans pour faire face au vieillissement démographique. 

Nathalie Steiwer     (Correspondante à Berlin)

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