Vélo : et si on faisait enfin les choses bien ?

Marjolaine Koch
Vélo : et si on faisait enfin les choses bien ?

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La crise aura-t-elle définitivement raison des réticences ? Difficile de parier, mais à court terme, bien des villes misent sur une transformation en profondeur de leur espace urbain pour faire place au vélo. Ces nouvelles méthodes marquent-elles le début d’une nouvelle aire ?

Fin 2019, le cabinet Deloitte inscrivait le vélo parmi ses « prédictions 2020 » et misait sur un doublement du nombre de cyclistes « du quotidien » entre 2019 et 2022. La crise va certainement provoquer une hausse encore plus significative. Paris, d’ailleurs, affiche déjà pour mai 2020 un doublement du nombre de cyclistes par rapport à mai 2019. L’éclosion des pistes cyclables temporaires dans les grandes villes à la sortie du confinement, précipitées par la nécessité d’éviter des transports en commun bondés, a eu pour effet de mettre le vélo en lumière.

Faire tache d’huile

Moyen de déplacement efficace en termes de ratio emprise au sol/personne en déplacement, le vélo est privilégié par de nombreuses villes qui ont compris la nécessité d’offrir une alternative aux transports en commun et aux voitures qui, trop nombreuses, peuvent paralyser l’ensemble de la circulation. Dans son analyse, Deloitte estime que le développement du vélo peut provoquer une évolution sociétale profonde de nos comportements. Peut-être y sommes-nous ?

Le développement du vélo peut provoquer une évolution sociétale profonde de nos comportements

Certes, toutes les villes n’avancent pas au même rythme. Rennes vient d’inaugurer sa première vélorue sur les quais, entièrement dédiée à la circulation des vélos. Les initiatives portées par ces grandes villes auront le mérite, à n’en pas douter, de faire tache d’huile sur leurs territoires respectifs. D’autres irréductibles, comme Marseille, ont raboté les « coronapistes » après à peine un jour d’existence au prétexte que les scooters ne les respectaient pas assez. Ici, les cyclistes devront attendre encore un peu.

Effacer les mauvais réflexes

La crise aura eu le mérite de faciliter les démarches d’aménagement et de pousser les collectivités à miser sur des solutions agiles, réversibles, mises à l’épreuve de la pratique quotidienne. Ces mairies, EPCI et départements qui ont joué le jeu ont pu s’appuyer sur les documents publiés par les associations de cyclistes, mais aussi sur Pierre Serne, président du Club des villes et territoires cyclables, missionné par Élisabeth Borne pour coordonner les initiatives prises par les collectivités pour mettre en place des pistes cyclables provisoires.

Il est fini, le temps de l’attribution des « délaissés » des espaces urbains au vélo

Cette phase permettra sans nul doute d’effacer de mauvais réflexes que l’on retrouvait encore trop souvent, lors de l’aménagement d’infrastructures cyclables : bandes trop étroites situées dans la « zone d’emportiérage » contre des rangées de voitures garées, zéro aménagement sur les points sensibles comme les carrefours ou les ronds-points, laissant le cycliste démuni dans les zones les plus dangereuses. Cette phase permettra d’inculquer de nouvelles règles, qui intègrent bien mieux les nécessités de séparation des flux entre véhicules motorisés, piétons et vélos, sécurité et continuité des aménagements et, surtout, une place à part entière sur les voies. Il est fini, le temps de l’attribution des « délaissés » des espaces urbains au vélo, comme cela a trop souvent été le cas jusque-là.

Tout le monde doit pouvoir s’y mettre

Depuis des années, Olivier Schneider, président de la FUB, la Fédération des usagers de la bicyclette, souhaite viser un public large : « Il faut arrêter de faire des aménagements cyclables pour une cible qui est uniquement l’adulte vif. Les aménagements doivent être pensés pour les enfants et les seniors, sécurisants. C’est ce qui permettra au plus grand nombre de s’y mettre. Jusque-là, ce qui a été fait n’avait souvent aucune cohérence, nous avons aujourd’hui des confettis de réseaux cyclables ». Ces paroles, recueillies avant le confinement, sont peut-être déjà de l’histoire ancienne.

Des ressources pour « bien faire »
• Ce qu’attendent les cyclistes : le baromètre des villes cyclables, palmares.parlons-velo.fr/
• Le guide des aménagements cyclables de Paris en Selle, parisenselle.fr/guide-amenagements-cyclables-paris-en-selle/
• Crow, la plateforme néerlandaise (en anglais), crowplatform.com/#downloads
• Club des villes et territoires cyclables, www.villes-cyclables.org/
• Le guide de Berlin pour le bon aménagement de pistes temporaires, traduit par l’association Paris en Selle : frama.link/3w3hKQZ5
• À venir : Adma, l’Académie des experts en modes actifs, plateforme de recensement des bonnes pratiques des collectivités (Co-construit par la FUB et le Cerema)

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