Retraites : à l’Assemblée, l’examen de la réforme tourne au fiasco

Les débats, qui patinent depuis lundi, se sont complètement enlisés mercredi, dans une atmosphère tendue. Les députés n’ont même pas commencé l’examen de l’article 1er.

 Dès l’ouverture de la séance à 15 heures, les rappels au règlement se sont multipliés.
Dès l’ouverture de la séance à 15 heures, les rappels au règlement se sont multipliés. GEOFFROY VAN DER HASSELT/AFP

    Frictions, rappels au règlement en série et suspensions de séance en cascade : les débats patinaient complètement mercredi au troisième jour d'examen de la réforme des retraites à l'Assemblée nationale, la gauche s'insurgeant notamment contre une volonté de « museler » les oppositions.

    Dès l'ouverture de la séance à 15 heures, les rappels au règlement se sont multipliés, LR réclamant des éclairages sur le financement de la réforme, et la gauche dénonçant les règles en vigueur pour l'examen des 41 000 amendements.

    L'atmosphère était tendue, notamment entre Richard Ferrand (LREM) au perchoir et Jean-Luc Mélenchon (LFI), le premier demandant au second de justifier le motif de son rappel au règlement : « Ici ce n'est pas un meeting, c'est l'Assemblée nationale ».

    « C'est grave, ce qui se passe »

    Les trois groupes de gauche – PS, PCF et LFI- ont contesté les mesures prises la veille en conférence des présidents pour quadriller le débat, prévoyant notamment un seul orateur sur les amendements identiques.

    Pour la gauche, il est en particulier inacceptable que des amendements placés à différents endroits du texte tombent au motif qu'ils auraient le même objet. « C'est grave ce qui se passe », a lancé Sébastien Jumel (PCF), y voyant « une nouvelle arme pour museler le Parlement ».

    Richard Ferrand a défendu l'application d'une « règle constante » et exclu toute nouvelle conférence des présidents au motif que « les humeurs changeraient ». Mais plusieurs suspensions de séance ont suivi.

    Les communistes, qui ont demandé comme la veille une vérification du quorum, ont vite épuisé leur quota de suspensions et ont donc demandé… un vote pour interrompre momentanément les travaux. Et lors d'une des multiples pauses, à la veille d'une nouvelle journée interprofessionnelle de mobilisation, plusieurs insoumis et communistes ont entonné le chant des Gilets jaunes, « On est là ».

    « Quelle image donnons-nous de nos travaux ? C'est de l'antiparlementarisme de base », s'est offusqué le co-rapporteur Nicolas Turquois (MoDem), applaudi par la majorité, debout, tandis que le secrétaire d'Etat Laurent Pietraszewski plaidait pour en revenir au débat. Sur Twitter, plusieurs élus ont dit leur « honte » que l'Assemblée « se transforme en cirque » ou déploré « un concours Lépine de l'obstruction désolant ».

    Depuis lundi, les débats patinent sur cette réforme visant à créer un système « universel » de retraites par points, vivement contesté par les oppositions de droite comme de gauche.

    Après de longues discussions sur le titre même du projet de loi, les députés n'ont pas encore commencé l'examen de l'article 1er, consacré aux « principes généraux » et qui fait l'objet à lui seul de plus de 1700 amendements.

    Dans l'espoir que le calendrier puisse tenir, les députés siégeront au moins jusqu'au 6 mars, avec des travaux ce week-end. Le spectre de l'utilisation du « 49-3 », arme de la Constitution qui permet au gouvernement d'abréger les débats et de faire adopter un projet de loi sans vote, plane.