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Après trois semaines, StopCovid peine toujours à prouver son efficacité

L'application de traçage des malades lancée par le gouvernement n'a permis d'alerter que 14 personnes à risque. Seuls 1,9 million de Français l'ont téléchargée soit moins de 3 % de la population. Le secrétaire d'Etat chargé du numérique Cédric O compte sur une nouvelle version, disponible jeudi, pour dissiper les critiques.

Le secrétaire d'Etat chargé du Numérique, Cédric O.
Le secrétaire d'Etat chargé du Numérique, Cédric O. (Raphael Lafargue/Pool/SIPA)

Par Raphaël Balenieri, Sébastien Dumoulin

Publié le 23 juin 2020 à 16:46Mis à jour le 23 juin 2020 à 17:08

Trois semaines après son lancement, l'application StopCovid peine toujours à prouver son efficacité. Le secrétaire d'Etat chargé du Numérique, Cédric O, a lui même tiré un bilan contrasté de cet outil mardi. Certes, « l'application fonctionne bien » et la confidentialité des données a été assurée. Mais StopCovid n'a permis d'identifier que 14 Français potentiellement porteurs du virus. Un chiffre très faible que le ministre justifie par « la baisse de la prévalence du Covid » en France mais qui s'explique aussi par le faible taux d'utilisation, alors même que le déconfinement aurait dû générer un intérêt pour StopCovid.

Au global, seulement 1,9 million de personnes ont téléchargé StopCovid, soit moins de 3 % des Français. Or il faudrait un taux d'utilisation minimal d'au moins 10 % pour que l'outil soit efficace. Parmi ce 1,9 million de personnes, seuls 68 porteurs du Covid-19 ont renseigné l'application.

Tout ça pour ça ? Pour le ministre, StopCovid reste utile, surtout dans la perspective d'une deuxième vague. Tout l'enjeu désormais va être d'obtenir plus de téléchargements, en communiquant davantage dans les « clusters » comme la Guyane. Les médecins pourraient également faciliter le téléchargement en fournissant un code QR à leurs patients atteints du virus. Un scénario qui avait déjà été proposé par Orange, selon nos informations, mais qui n'avait pas été retenu étant jugé trop sensible politiquement.

Une « V2 » de StopCovid dès jeudi

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Le secrétariat d'Etat chargé du numérique fait aussi face à une vague de désinstallations. Depuis son lancement 460.000 personnes ont supprimé StopCovid, mais le rythme s'est accéléré, avec « plusieurs dizaines de milliers » de désinstallations par jour.

La réouverture des restaurants et des écoles a certes fait baisser le niveau d'inquiétude, détournant logiquement les Français de l'application. Mais l'intérêt pour StopCovid a aussi reculé après la publication le 15 juin d'un article sur Mediapart accusant l'application de collecter davantage de données qu'annoncé.

A l'origine, le gouvernement avait assuré que StopCovid n'enverrait vers un serveur central que les crypto-identifiants des personnes ayant été en contact pendant plus de 15 minutes à moins d'un mètre. Mais dans les faits, StopCovid a été contraint de faire remonter davantage d'informations (quand, par exemple, des personnes restent à proximité pendant plusieurs quarts d'heures d'affilée). La CNIL s'est saisie du problème qui pourrait violer le RGPD européen. Elle devrait rendre un avis « dans les prochains jours ». Le gouvernement a malgré tout pris les devants. La deuxième version de l'appli, disponible dès jeudi, embarquera des « filtres » limitant les informations remontant vers le serveur central.

Autre changement : le système Captcha permettant de vérifier que l'utilisateur n'est pas un robot sera désormais fourni par Orange (qui travaille sur StopCovid depuis le début avec cinq autres industriels français) et non plus par Google.

Un appel d'offres à la rentrée

Cédric O a également tenté d'éteindre la polémique sur la rémunération des prestataires après la saisine du procureur de la République par Anticor. L'association de lutte contre la corruption avait reproché au ministre de ne pas avoir passé d'appels d'offres avant d'attribuer le contrat de l'hébergement de l'application à Outscale, une filiale de Dassault Systèmes. Il s'agit simplement « d'un signalement, pas d'une enquête », a balayé le secrétaire d'Etat.

Pour autant, là aussi, le ministre a donné des gages. Alors qu'un montant de plusieurs centaines de milliers d'euros avait été d'abord évoqué, le coût de l'hébergement ne devrait finalement pas dépasser 40.000 euros par mois jusqu'en décembre, au profit d'Outscale. La maintenance et le développement (entre 60.000 et 80.000 euros par mois) seront assurés dans un premier temps uniquement par la start-up Lunabee.

A la rentrée, Capgemini pourrait cependant obtenir une partie du marché, mais uniquement après un appel d'offres. Orange et Withings continueront de travailler en pro bono. Le coût global pourra cependant augmenter en cas de deuxième vague à l'automne.

Raphaël Balenieri et Sébastien Dumoulin

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