Coronavirus : à Pôle emploi, l’inquiétude grandit

Les demandeurs d’emploi comme les agents s’inquiètent des conditions dans lesquelles Pôle emploi va continuer à fonctionner. Les syndicats dénoncent des mesures «incompréhensibles».

 Le plan de continuité d’activité de Pôle emploi, présenté ce mercredi par son patron, Jean Bassères, a mis le feu aux poudres.
Le plan de continuité d’activité de Pôle emploi, présenté ce mercredi par son patron, Jean Bassères, a mis le feu aux poudres. LP/Julien Barbare

    Vent d'inquiétude chez les demandeurs d'emploi pour qui la réforme de l'assurance chômage a été reportée. Alors que les agences Pôle emploi ne reçoivent plus que sur rendez-vous depuis ce mercredi, ils ont tous reçu ce type de message sur leurs boîtes mails : « Pôle emploi adapte son offre de service. Nos conseillers restent disponibles par téléphone au 3 949 et sur pole-emploi.fr (démarches en ligne, actualisation, etc.). Les événements organisés en agence sont annulés. Des solutions de report vous seront proposées dès que possible ».

    Un chamboulement soudain qui soulève des montagnes de questions et d'angoisse et auxquelles les agents de Pole emploi tentent de répondre. « Encore la semaine dernière, certaines personnes continuaient d'être convoquées pour des contrôles » rapporte un agent en Bretagne.

    Cacophonie générale en régions

    Mais depuis lundi, la consigne est d'arrêter les contrôles, les radiations, les sanctions, bref, « tout ce qui pourrait pénaliser les demandeurs d'emploi, y compris la récupération des indus », confirme Sylvie Espagnolle, déléguée centrale Pôle emploi CGT. « On a été averti dès dimanche que l'organisation évoluerait au fil de l'eau selon les consignes gouvernementales » précise-t-elle.

    Dans les rangs des 48000 agents de Pôle emploi, l'inquiétude est également très forte. Le syndicat SNU Pôle emploi a dénoncé le 17 mars « une cacophonie générale en régions ». Les personnels se posent, eux aussi, beaucoup de questions. Les agents fragiles doivent-ils rester chez eux? Ceux sur le pont doivent-ils se concentrer sur les activités essentielles comme la gestion de l'inscription, l'actualisation, l'indemnisation et les urgences? Qui doit être présent en agence, qui doit télétravailler, quels sont ceux qui doivent rester chez eux rémunérés?

    Des interrogations sur le plan de continuité de l'activité auxquelles Jean Bassères le patron de Pôle emploi a tenté de répondre dans un mail adressé ce mercredi matin à tous les agents. Or loin de rassurer les troupes qui demandaient des consignes claires pour fermer les agences tout en assurant un service à distance, le plan de Jean Bassères a mis le feu aux poudres à cause de certaines mesures jugées « contradictoires ».

    Accueil en visio guichet pour les urgences

    Un exemple, il est demandé aux 900 agences de maintenir un accueil physique à la porte des agences par visio guichet pour les situations urgentes, comme le cas où le demandeur d'emploi n'aurait pas d'ordinateur pour s'inscrire à Pôle emploi et ne pourrait donc être enregistré.

    « L'autorisation de circuler ne prévoit pas ce cas-là pour les chômeurs » dénonce Sylvie Espagnolle de la CGT. « C'est un cas qui en effet, n'est pas prévu, par le ministère de l'intérieur mais qui n'est pas de notre fait ! » rétorque une source interne. Autre point jugé contradictoire, alors que les agents sont confinés et censés limiter les déplacements, certaines mesures prévoient de faire revenir des agents en nombre sur site sans définir clairement ce qu'ils ont à faire.

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    Des mesures « incompréhensibles » dénoncées par plusieurs syndicats, y compris au sein de l'encadrement. « Tout le monde est perdu, même au plus haut niveau où certains n'hésitent plus à accuser Jean Bassères de faire du zèle » rapportent plusieurs sources internes. Au point que le recours au droit de retrait commence à se multiplier depuis deux jours. « On est mobilisés pour répondre aux besoins de nos publics, mais cette crise demande une nécessaire adaptation. Nous mettons tout en œuvre pour y répondre au plus vite et au mieux » tente de rassurer un porte-parole de Pôle emploi.