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Les offres de services de transports partagés se développent sur les territoires urbains. Organisées par de nouveaux acteurs, elles complètent ou concurrencent selon les cas, les offres de mobilité des autorités organisatrices de la mobilité (AOM). Comment mieux les connaître, les intégrer ou les réguler ?
Entretien avec Jean-Baptiste Gernet, adjoint au Maire de Strasbourg, en charge des mobilités alternatives, de la logistique urbaine et de la vie fluviale.

Les offres de services de transports partagés se développent sur les territoires urbains. Organisées par de nouveaux acteurs, elles complètent ou concurrencent selon les cas, les offres de mobilité des autorités organisatrices de la mobilité (AOM). Comment mieux les connaître, les intégrer ou les réguler ?
Entretien avec Jean-Baptiste Gernet, adjoint au Maire de Strasbourg, en charge des mobilités alternatives, de la logistique urbaine et de la vie fluviale.

Comment, à votre avis, les AOM peuvent-elles connaître ces nouvelles offres de mobilité  qui s’appuient sur les principes de l’économie collaborative et d’une société numérique ?

Les AOM déploient des services de transport publics, des systèmes de vélo partagé, mais elles doivent aussi assurer une cohérence globale de l’offre de mobilité sur le territoire dont elles ont la responsabilité. 

Il s’agit pour nous de suivre avec attention l’émergence de ces offres, de dialoguer avec les clusters, les réseaux de start-ups, et d’explorer les synergies possibles au bénéfice des usagers. Nous avons ici à Strasbourg un exemple de synergie entre l’économie collaborative, le numérique et l’action publique avec la plateforme de location des vélos entre particuliers, Bikerr.

Des événements comme l’accueil du congrès ITS en 2017, avec l’organisation d’un « boulevard des start-up » nous permettent de fluidifier les échanges avec de nouveaux acteurs, et de leur donner une visibilité.

Quels sont les points positifs de l’apparition de ces offres, quelles en sont les limites ?

Source : CREUTZ
Source : CREUTZ

Ces nouveaux services permettent de diversifier les offres de mobilité pour les usagers, de personnaliser des trajets, d’optimiser l’utilisation des infrastructures existantes.

À Strasbourg, la coopérative Citiz propose un double service d’autopartage en boucle et en free-floating, et offre une alternative  à  l’achat  d’une  voiture  qui  s’intègre  dans  un mix de services de mobilité (billettique commune avec les transports en commun, abonnements combinés…). Cette offre de service est utile à la collectivité, et vertueuse : c’est un service d’auto-partage qui contribue à la démotorisation des ménages, avec un

Comment les AOM peuvent-elles travailler  avec ces acteurs privés ? Entre régulation, organisation, coordination, quelles sont les nouvelles relations à inventer ?

J’observe que les modalités de travail avec les nouveaux acteurs privés s’améliorent. La disruption a pu être un peu sauvage, quand on se remémore les conditions de déploiement de l’offre « UberPop », qui n’étaient absolument par concertées. Les débordements qui ont suivi ont sûrement incité Uber, mais aussi tous les autres acteurs privés porteurs d’innovation, à prévoir un échange avec les collectivités avant le déploiement de leur service.

Les acteurs privés ont aujourd’hui globalement le souci d’échanger avant de déployer leurs services, même s’ils profitent souvent de vides juridiques, la règle n’existant pas a priori quand il s’agit d’une nouvelle forme de mobilité et de partage de ces mobilités. Il y a une conscience de la part des acteurs privés que le dialogue est inévitable pour qu’un service soit accepté par tous, il faut s’appuyer dessus pour réguler et coordonner les offres de mobilité, encore faut-il que la loi se mette à jour des innovations et donne aux collectivités les outils nécessaires.

Journées d'échanges sur la mobilité urbaine dans les villes européennesDe ce point de vue, les journées de la mobilité organisées à Strasbourg avec un prisme européen nous permettront de comparer la méthode, réglementaire mais pas seulement, avec laquelle les États et les villes intègrent les nouveaux services dans leur offre de mobilité.

Comment associer les nouveaux acteurs de la mobilité à la planification et l’évaluation des politiques publiques de mobilité ?

Source : BOGNER -BP07596
Source : BOGNER -BP07596

Nous sommes très attentifs aux dispositions qui seront introduites dans le projet de loi d’orientation des mobilités afin de permettre de réglementer les offres de type free-floating  dans  l’espace  public.  Nous  privilégions la mise en place de règles transparentes et une démarche d’appels à projets afin de faire valoir nos attentes et d’organiser un dialogue et une collaboration avec les porteurs privés de services de mobilité.

Les AOM doivent faire valoir leurs orientations et leurs objectifs en matière d’évolution des mobilités sur leur territoire, disposer du cadre réglementaire et des leviers permettant de choisir, réguler les offres qui se déploient, et les intégrer à un bouquet de mobilités alliant offres publique et privée par des supports d’abonnements communs par exemple.