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La mortalité au plus haut depuis 70 ans en France

La mortalité a augmenté de 9 % en 2020, a révélé l'Insee lundi. Une situation dont le Covid porte quasiment l'entière responsabilité. Elle coûte aux Français un peu plus de six mois d'espérance de vie à la naissance.

L'espérance de vie à partir de 60 ans a nettement baissé en 2020, s'alarme l'Insee.
L'espérance de vie à partir de 60 ans a nettement baissé en 2020, s'alarme l'Insee. (Shutterstock)

Par Joël Cossardeaux

Publié le 29 mars 2021 à 18:00Mis à jour le 29 mars 2021 à 18:05

Le retour en arrière est considérable, d'exactement sept décennies. Avec près de 669.000 décès toutes causes confondues en 2020, soit 9 % de plus qu'en 2019, la mortalité en France n'aura jamais été aussi élevée depuis 70 ans, a révélé l'lnsee dans une étude publiée lundi, confirmant une situation décrite en janvier sur laquelle l'institut apporte de nombreux compléments .

Un taux record dont l'essentiel est tiré par la hausse des disparitions des personnes âgées victimes du Covid. Et cette surmortalité affecte davantage les hommes que les femmes dont l'espérance de vie, dans les deux cas, se met en plus à reculer plus vite.

En temps normal, la mortalité aurait dû continuer d'augmenter, comme elle le fait depuis 2010 en raison du déclin des générations - nombreuses - du baby-boom. Mais pas à ce point. A espérance de vie constante depuis 2019, les experts de l'Insee estiment que l'on aurait pu s'attendre à « un accroissement des décès d'environ 14.000 » en 2020.

En réalité, le chiffre est quatre fois plus élevé, soit 55.500 morts de plus, et il dépasse nettement les hausses de décès dues aux épisodes grippaux ou caniculaires des cinq dernières années. Même la deuxième vague de la grippe de Hong-Kong, en décembre 1969 et en janvier 1970, offre un bilan moins mauvais que celui des deux vagues de décès observées par l'Insee en 2020.

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Les plus de 70 ans en première ligne

Une année où les « morts en plus » se comptent davantage chez les hommes (+10 %) que chez les femmes (+8 %), chez les personnes de 80 à 89 ans (+9 %) que chez les 60-69 ans (+4 %). « Au total, sur l'année, les décès des personnes de plus de 70 ans ont augmenté de 52.100 », indique l'institut statistique. Pour autant, la structure des décès évolue peu : 79 % sont survenus à plus de 70 ans, contre 78 % en 2019. A la légère différence des jeunes, où les moins de 25 ont été moins nombreux à mourir (-6 %).

Tout comme les générations, les territoires ont été très diversement affectés par cette surmortalité. Les départements où elle augmente de 10 % et plus se trouvent tous dans la moitié Est de l'Hexagone, en plus de l'Ile-de-France, des départements de l'Eure et du Loir-et-Cher. Outre-Mer, la situation est « extrêmement différenciée », selon l'Insee, avec un quart de décès en plus à Mayotte qui a subi l'effet aggravant d'une épidémie de dengue, tandis que la Martinique et la Réunion affichent un bilan stationnaire.

Conséquence fatale de cette vague quasi générale de surmortalité, « la pandémie fait perdre 0,5 an d'espérance de vie aux femmes et 0,6 an aux hommes », pointe l'Insee dans une seconde étude. Beaucoup plus qu'en 2015, où la grippe hivernale avait été meurtrière, et de quoi entamer les gains engrangés sur la décennie passée (respectivement 1 et 1,7 an de plus pour les femmes et les hommes) et surtout la précédente (+ 1,7 et +2,6 ans).

Recul plus marqué des naissances

L'espérance de vie baisse fortement à 60 ans et surtout chez les hommes, où elle passe de 23,4 ans à 22,7 ans à partir de cet âge. Là encore, les femmes s'en sortent mieux. A ce moment de leur existence, elles peuvent espérer vivre encore 27,3 ans. Mais c'est tout de même cinq mois de moins qu'en 2019.

Dernier effet de cette surmortalité largement causée par la pandémie, le solde naturel, c'est-à-dire la différence entre les nombres de naissances et de décès, « a fortement baissé ». Il s'élève à + 67.000. Une situation dont le Covid n'est cependant pas le seul fautif car ce solde diminue depuis plusieurs années, en lien avec la baisse des naissances. Sauf que, cette année, la descente est particulièrement prononcée avec 17.000 bébés de moins (-2,3 %) qu'en 2019.

Joël Cossardeaux

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