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Le déclin des médicaments sans ordonnance se poursuit

Le chiffre d'affaires des médicaments vendus sans ordonnance a diminué de 4 % en 2019. Un chiffre déjà en baisse de 4,6 % en 2018. Ce recul touche notamment l'homéopathie et les anti-tabac, et s'explique principalement par des changements de réglementation.

Depuis le 15 janvier les médicaments contenant du paracétamol et certains anti-inflammatoires non stéroïdiens ne peuvent plus être placés en libre-service.
Depuis le 15 janvier les médicaments contenant du paracétamol et certains anti-inflammatoires non stéroïdiens ne peuvent plus être placés en libre-service. (Patrick ALLARD/REA)

Par Tifenn Clinkemaillié

Publié le 6 févr. 2020 à 17:06Mis à jour le 6 févr. 2020 à 18:08

Pour la deuxième année consécutive, les ventes de médicaments sans ordonnance reculent en France. Après une baisse de 4,6 % du chiffre d'affaires des médicaments vendus hors prescription médicale en 2018, ce chiffre a de nouveau baissé de 4 %, à 2,08 milliards d'euros en 2019.

Selon l'association française de l'industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (Afipa), les ventes des médicaments non prescrits et non remboursés sont « particulièrement impactées par les différentes mesures réglementaires de ces dernières années ».

Les médicaments anti-tabac particulièrement touchés

C'est le cas notamment des médicaments anti-tabac, dont les ventes ont baissé de 34,1 % entre 2018 et 2019. « Le gouvernement a annoncé que sous certaines conditions ces médicaments seraient remboursés, explique Luc Besançon, délégué général de l'Afipa, il y a donc eu une baisse de l'achat sans ordonnance. »

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« Le relistage de certains médicaments a aussi une conséquence sur les ventes », explique Luc Besançon. Ainsi, depuis 2019, des médicaments à base de nifuroxazide (antidiarrhéique) ne peuvent par exemple plus être vendus en pharmacie que sur prescription, ils ne sont alors plus comptabilisés dans le baromètre de l'association.

La décision de l'Agence du Médicament (ANSM) de placer à partir du 15 janvier derrière le comptoir du pharmacien les médicaments contenant du paracétamol et certains anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène et aspirine) pourrait aussi avoir un impact sur les ventes. « Dans quelques mois on pourra se rendre compte de si cela a eu un effet », explique Luc Besançon, soulignant que cette mesure concerne au total 20 % des médicaments qui peuvent être placés en libre accès.

Dernier phénomène qui peut expliquer cette baisse selon Luc Besançon, les épisodes de grippes ou les crises d'allergies, qui peuvent doper ou faire baisser la vente de certains médicaments, comme l'homéopathie dont les ventes ont chuté de 10,5 % en 2019. « Le secteur a aussi pu souffrir de la remise en question de son efficacité », note Luc Besançon.

Exception française

Ce faible recours aux médicaments sans ordonnance est une exception française. Malgré des dépenses de santé élevées, 11,3 % du PIB selon une étude de la Commission Européenne et l'OCDE, les dépenses de médicament en France sont bien inférieures à celles de ses voisins européens. Elles s'élevaient en moyenne à 33,50 € par habitant en 2017, contre 68,27 € en Allemagne et 67,79 € en Pologne.

Une situation que regrette l'Afipa, qui plaide pour un développement du « selfcare », à savoir les dispositifs médicaux, les compléments alimentaires et les médicaments sans ordonnance. « A l'heure où l'accès au médecin est de plus en plus difficile et long en France, le développement du « selfcare » permettrait d'améliorer l'accès aux soins, sécurisé par le pharmacien, en plus des économies pour la Sécurité sociale », juge ainsi Christophe de la Fouchardière, président de l'Afipa.

A l'inverse des médicaments, le marché des dispositifs médicaux sans ordonnance comprenant par exemple les pansements, bas de contention ou protections hygiéniques, a progressé de 5,6 % entre 2018 et 2019, à 643 millions d'euros.

Boom des compléments alimentaires

Le marché des compléments alimentaires est aussi en progression de 5,6 entre 2018 et 2019, à 988 millions d'euros. « Cette dynamique est européenne, elle s'explique par une démarche de prévention de la part des patients, mais aussi une envie plus grande de produits naturels », explique le délégué général de l'Afipa.

Au total, le secteur du « selfcare » comme définit par l'association, représenterait 3,7 milliards d'euros en 2019, contre des ventes de plus de 30 milliards d'euros de produits sur prescription.

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Vers la vente en ligne de médicaments ?

Un article du projet de loi Asap, pour « Accélération et simplification de l'action publiques », prévoit l'assouplissement des conditions de vente des médicaments sur internet. Le texte permettrait notamment de stocker des produits sur un site distinct de la pharmacie, pour le moment seule à avoir l'autorisation de détenir un stock et de vendre des médicaments.La mesure pourrait permettre aux géants du e-commerce, à l'instar d'Amazon, de se lancer dans ce marché. Pour Luc Besançon, les effets en termes de ventes sont difficiles à quantifier. Il estime que le projet « manque de cohérence ». « D'un côté on demande aux pharmaciens de restreindre le libre accès au paracétamol, mais la vente sur internet revient à permettre ce libre accès », souligne-t-il.

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