Covid-19 : Israël obligé de se reconfiner par endroits

Le pays fait face à un regain de l’épidémie de nouveau coronavirus, alors qu’il assurait l’avoir maîtrisée à ses débuts.

 Un soignant de l’équivalent de la Croix Rouge israélienne effectue un prélèvement dans un drive test à Jérusalem.
Un soignant de l’équivalent de la Croix Rouge israélienne effectue un prélèvement dans un drive test à Jérusalem. AFP/Emmanuel Dunand

    Au commencement de la pandémie, le pays faisait partie de ceux qui avaient maîtrisé la propagation du Covid-19. Désormais, l'inquiétude monte en Israël : un reconfinement partiel sera en place dès lundi, et de nombreuses critiques ont été émises contre le gouvernement face à la hausse des contaminations qui se manifeste depuis cet été.

    Le comité ministériel chargé du nouveau coronavirus a approuvé dimanche « un bouclage nocturne » pour environ 40 villes au taux d'infection le plus élevé et la fermeture de la plupart de leurs écoles, ainsi qu'une limitation sur les rassemblements à partir de lundi.

    « Je sais que ces restrictions ne sont pas faciles mais dans la situation actuelle, il n'y a aucun moyen d'éviter cela », a indiqué le Premier ministre Benjamin Netanyahu, sans préciser la durée de ces mesures.

    Le nombre de décès triplé

    Le pays a passé ce week-end le cap des 1 000 morts, triplant ainsi le nombre de décès dus au coronavirus pendant les mois d'été, émaillés de manifestations contre la gestion des crises sanitaire et économique par Benjamin Netanyahu.

    Le 1000e mort n'est pas passé inaperçu. Le quotidien Yediot Aharonot, le plus vendu du pays, a noirci sa Une avec les noms des victimes, évoquant « un échec honteux de la gestion de la crise depuis mai ».

    Selon les données collectées par l'AFP, l'Etat hébreu est depuis deux semaines le cinquième pays au monde en termes de cas d'infection par habitant, devant le Brésil et les Etats-Unis.

    Plus de 3 000 nouveaux cas ont été enregistrés quotidiennement la semaine dernière, un record pour ce pays de neuf millions d'âmes et un contraste saisissant avec les premiers mois de la pandémie.

    Un déconfinement trop rapide ?

    Début mars, Israël avait pourtant pris le problème très au sérieux. Les vols vers l'étranger avaient presque tous été annulés, les commerces non essentiels fermés et la population confinée. Le pays a même connu mi-mai deux jours consécutifs sans nouveau cas.

    Ces chiffres avaient permis au gouvernement d'accélérer le déconfinement avec la réouverture des bars, restaurants et cafés, des lieux de culte et avec l'autorisation des mariages, tout en maintenant l'obligation du port du masque. Mais le nombre de cas a quintuplé depuis juillet.

    Certains évoquent un déconfinement trop rapide doublé de faibles mesures d'aide aux plus affectés, poussés à un retour précipité au travail. D'autres mettent en cause une désorganisation du système de santé, voire la rentrée des classes ou encore une plus grande capacité de dépistage, qui a pour effet d'accroître le nombre officiel de cas.

    Critiqué dans la rue, le Likoud (droite) de Benjamin Netanyahu l'est aussi en interne avec un ténor du parti, Nir Barkat, qui a demandé ces derniers jours la démission du ministre des Finances Israël Katz.

    Pourparlers avec les ultraothodoxes

    Pour lutter contre la propagation du virus, les autorités ont divisé les villes en quatre catégories – rouge, orange, jaune et vert. Retour en arrière dès lundi avec la fermeture des écoles et des commerces non essentiels dans une quarantaine de villes « rouges ». L'armée va par ailleurs mettre à contribution 7 000 réservistes pour épauler la police dans ces villes.

    « Il faut en finir avec l'indifférence et le mépris », a déclaré ces derniers jours le médecin en chef de la lutte anticoronavirus Ronni Gamzu, mettant en garde les secteurs ultraorthodoxes et arabes, considérés comme des viviers du virus.

    Le gouvernement menait des pourparlers en soirée avec des leaders juifs ultraorthodoxes, opposés à la fermeture des synagogues à l'approche des fêtes juives de Rosh Hashana et de Yom Kippour, du 18 au 29 septembre.