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La Suisse dit « oui » au congé paternité, « non » aux entraves à l’immigration de citoyens de l’UE

Les électeurs suisses ont rejeté à 61,7 % l’initiative populaire lancée par la droite populiste de l’UDC demandant au gouvernement de limiter l’immigration des ressortissants de l’Union européenne.

Le Monde avec AFP

Publié le 27 septembre 2020 à 20h57, modifié le 28 septembre 2020 à 09h40

Temps de Lecture 3 min.

Affiche électorale de l’UDC qui vise à faire connaître son initiative nationale demandant au gouvernement de mettre fin à l’accord de libre circulation avec l’Union européenne, à Genève, le 13 septembre 2020.

Les Suisses ont dit non, à une large majorité, à une limitation de l’immigration des ressortissants de l’Union européenne (UE), au grand soulagement des milieux économiques, et ont voté en faveur d’un congé paternité de deux semaines quand les jeunes pères n’avaient jusqu’ici droit qu’à un jour ou deux.

Les électeurs ont rejeté à 61,7 % l’initiative populaire lancée par la droite populiste de l’Union démocratique du centre (UDC), premier parti du pays, qui dénonce « une immigration incontrôlée et démesurée » et juge les emplois menacés par l’Accord sur la libre circulation des personnes (ALCP) signé en 1999 avec l’UE. Un résultat d’autant plus parlant que le taux de participation a été très élevé, autour de 59 %.

Les présidents de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et du Conseil, Charles Michel, ont salué dimanche le vote suisse. Celui-ci « valide un des piliers centraux de notre relation : la liberté mutuelle de bouger, de vivre et de travailler en Suisse et dans l’Union européenne », a déclaré Ursula von der Leyen dans un message vidéo publié sur Twitter. « Je salue ce résultat. J’y vois un signal positif pour continuer à consolider et approfondir notre relation », a-t-elle ajouté.

« Aujourd’hui est un grand jour pour les relations entre l’Union européenne et la Suisse », a salué Charles Michel sur Twitter. « Les Suisses ont parlé et envoyé un message clair : nous avons un grand avenir devant nous. »

Si les sondages laissaient à penser que le cavalier seul de l’UDC était voué à l’échec, le résultat n’en était pas moins le plus attendu parmi toute une série de sujets sur lesquels les Suisses ont eu à se prononcer dimanche, comme le veut la tradition de la votation.

« La Suisse envoie aujourd’hui un signal fort à l’Europe »

Tous les autres partis et les milieux économiques s’étaient fermement prononcés en faveur de frontières ouvertes avec une Union européenne, qui est le plus important partenaire commercial de la Suisse. Et les régions frontalières suisses dépendent fortement de la main-d’œuvre venue des pays voisins par dizaines de milliers tous les jours.

Pour autant, ce oui ne veut pas dire que les relations avec l’UE sont sans nuages. Depuis plusieurs années, Bruxelles souhaite conclure un accord-cadre institutionnel avec Berne pour simplifier les relations bilatérales. Cet accord est loin de faire l’unanimité, à gauche comme à droite. L’UDC entend « s’assurer qu’on ne rentre pas petit à petit dans l’Union européenne », a d’ailleurs souligné Céline Amaudruz, une des responsables du parti sur la chaîne publique RTS (Radio télévision suisse).

A l’inverse, le chef du groupe parlementaire socialiste au Parlement, Roger Nordmann, estime que les Suisses ont signalé leur attachement aux relations bilatérales, qui fonctionnent bien depuis vingt ans. « La Suisse envoie aujourd’hui un signal fort à l’Europe », a-t-il déclaré sur RTS.

Il y a seulement six ans, les Suisses avaient approuvé, à une très courte majorité mais à la surprise des experts, une première initiative populaire de l’UDC réintroduisant des quotas de migrants, notamment européens. Craignant des représailles de l’UE, Berne avait adouci le texte de mise en œuvre de l’initiative.

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En 1992, les Suisses avaient également voté non à l’entrée de leur pays dans l’Espace économique européen, un accord signé par les Etats membres de la Communauté européenne, l’ancêtre de l’UE, et les pays membres de l’Association européenne de libre-échange (AELE). Depuis, Berne et Bruxelles ont signé plusieurs accords bilatéraux. Un premier paquet de sept accords, incluant l’ALCP, a été validé par le peuple suisse en 2000 par 67,2 % des voix.

Un congé paternité de deux semaines

Le large oui (60,3 %) au référendum sur le congé paternité permet à la Suisse de rattraper un peu de son retard face à ses pairs en Europe. « Le congé paternité dispose enfin de plus de temps qu’un déménagement », a déclaré Adrian Wüthrich, membre du comité en faveur du congé paternité.

Si, depuis 2005, la loi accorde aux mères en activité quatorze semaines de congés payés après la naissance d’un enfant, les pères, eux, n’avaient droit qu’à un ou deux jours. Et rien pour les indépendants. « Ce résultat montre que la société a évolué et que l’heure n’est plus à un modèle où la femme doit rester à la maison », souligne Philippe Gnaegi, le directeur de Pro Familia, un groupement d’organisations familiales, cité par ATS (Agence télégraphique suisse), la principale agence de presse suisse.

Après d’innombrables tentatives, le Parlement fédéral a adopté, en septembre 2019, un congé paternité de deux semaines. Il restait aux Suisses à se prononcer par référendum.

Les Suisses ont, en revanche, rejeté à 51,9 % une révision de la loi sur la chasse adoptée par le Parlement face à la progression du nombre de loups, selon la dernière projection de l’institut de sondage GFS Bern. Les cantons peuvent actuellement autoriser un tir lorsqu’un loup cause des dégâts importants, mais la révision aurait permis d’agir de façon préventive.

Le Monde avec AFP

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