Travailler + n'est pas un gros mot

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Les propos d'Emmanuel Macron sur la nécessité de travailler plus après le confinement ont suscité les réflexes pavloviens habituels. C'est bien le moins d'espérer que le pays se retroussera les manches.

Il faut travailler et produire davantage : la petite phrase d’Emmanuel Macron a relancé les spéculations.

Oui, et j’ai hésité à commenter la 1ère partie de cette phrase « il faut travailler davantage » dans une chronique économique parce que son objectif était d’abord politique. C’est un clin d’œil aux électeurs de droite et du centre gauche, et un chiffon rouge présenté à la gauche radicale et aux syndicats qui ont sans surprise réagi en demandant un partage du travail. 

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En vérité, personne ne sait ce qu’Emmanuel Macron voulait dire concrètement, s’il sème des petits cailloux ou s’il n’y a rien derrière. En vérité aussi, sur ce sujet, nous sommes tous des hamsters qui tournons depuis vingt ans avec les 35 heures. Lassitude. 

Cela dit, de quoi s’agit-il en pratique ? Si le président voulait dire que la France doit travailler davantage en temps normal, cela ne fait aucun doute. Nous rentrons plus tard dans la vie active qu’ailleurs, nous en sortons plus tôt et les étrangers jalousent nos vacances. Mais s’il voulait dire qu’en ce moment, il faut réfléchir à un nouveau cadre national et légal de la durée du travail, c’est étrange. S’il veut remonter l’âge de la retraite dans les six mois, on lui souhaite bon courage. 

Globalement, à court terme, on ne va pas manquer de bras, on risque plutôt d’en avoir trop, le temps que l’économie reparte. Quant aux entreprises en difficulté qui risquent leur peau et où il est inévitable que tout le monde travaille plus pendant quelques semaines (et peut-être sans gagner plus tout de suite), des dispositifs existent pour conclure des accords. C’est au terrain, au local, de régler cela.

Il y avait aussi le « produire davantage ».

C’est plus intéressant et c’est un non catégorique à la décroissance. C’est la production qui finance la redistribution, et on voit que trop de productions sont parties ailleurs. Dans le plan de relance, Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique, défend l’idée d’investir massivement, avec la Caisse des dépôts, pour réhabiliter et mieux isoler les hôpitaux et les EHPAD soumis à des risques sanitaires et climatiques. Qui peut y être opposé ? Personne. Ces chantiers, ce sont des emplois et de la production. Des usines de batteries électriques et de médicaments, c’est tout autant de la production. 

Mais au total, on ne sait encore presque rien de ce que veut faire Emmanuel Macron et c’est la raison pour laquelle je rends cinq secondes à Léa Salamé.

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