Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
STEPHANE OIRY

La France et les épidémies : 2011-2017, la mécanique du délitement

Par  et
Publié le 06 mai 2020 à 17h19, modifié le 07 mai 2020 à 05h35

Temps de Lecture 19 min.

L’ambiance est à la fois joyeuse et studieuse dans le bureau de Marisol Touraine, à l’Assemblée nationale. En ce début du mois de mai 2012, la députée socialiste d’Indre-et-Loire est en pôle position pour récupérer le portefeuille de la santé dans le futur gouvernement. Autour d’elle, ses conseillers, dont Benjamin Griveaux et Gabriel Attal, les macronistes de demain. On refait le monde, on savoure à l’avance le triomphe annoncé de François Hollande… On compose, surtout, le prochain cabinet de Marisol Touraine.

Gabriel Attal, désormais secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’éducation nationale, qui nous reçoit le 20 avril, dans son bureau, en uniforme « nouveau monde » – jean et baskets –, décrit la scène : « Je m’en souviens très bien, c’est Griveaux qui parlait : “Il y a un sujet sur lequel il faut être capable de réagir, c’est une possible crise”. Il faisait notamment référence à la canicule de 2003. »

La décision est alors prise de nommer un préfet comme directeur de cabinet, une fonction qui nécessite une forte capacité d’organisation. A en croire Attal, dès le départ, « le sujet crise sanitaire a été déterminant dans ce choix-là ». Notons qu’il s’agissait déjà, selon les termes prêtés à Griveaux (qui n’a pas souhaité répondre aux questions du Monde), de « réagir »… et pas d’agir. A vrai dire, le risque d’une éventuelle pandémie n’est pas le souci principal du nouveau pouvoir de gauche. Il y a tant à faire par ailleurs…

Une fois intronisée au ministère, le 16 mai 2012, Marisol Touraine se dote d’un « conseiller spécial », et pas n’importe lequel, dans l’étage en forme de « L » qu’elle occupe dans le bâtiment de l’avenue de Ségur. Il s’agit du professeur Jérôme Salomon, le même qui intervient aujourd’hui chaque soir, comme directeur général de la santé (DGS), pour informer le pays sur l’épidémie. Un homme « investi et décalé », résume Attal, qui fait alors quotidiennement le trajet en métro avec lui, depuis Vanves (Hauts-de-Seine), où ils résident tous les deux.

« Nous allons tous mourir »

A l’époque, Salomon n’égrène pas les chiffres ; son travail, c’est la sécurité sanitaire, et l’anticipation des crises. L’hypothèse d’une pandémie l’obsède tant qu’il en devient parfois pesant, selon les anciens du cabinet, qui se souviennent de l’affiche ornant son bureau : « We are all gonna die » (« Nous allons tous mourir »). Un truisme prophétique…

Il vous reste 90.46% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.