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Deuil d'enfant : la majorité règle ses comptes et cherche une porte de sortie

Le groupe La République En marche à l'Assemblée a connu mardi une réunion houleuse autour du pataquès sur le congé pour deuil d'enfant. Le gouvernement a annoncé qu'il irait « plus loin » en amendant le texte au Sénat. Les parlementaires sont associés à la concertation lancée avec les associations et les partenaires sociaux.

La ministre du Travail Muriel Pénicaud, ici lors des questions d'actualité au gouvernement à l'Assemblée nationale, a été la cible de nombreuses critiques après le rejet de l'allongement du congé pour deuil d'enfant de cinq à douze jours.
La ministre du Travail Muriel Pénicaud, ici lors des questions d'actualité au gouvernement à l'Assemblée nationale, a été la cible de nombreuses critiques après le rejet de l'allongement du congé pour deuil d'enfant de cinq à douze jours. (AFP)

Par Isabelle Ficek

Publié le 5 févr. 2020 à 07:15

De l'aveu de plusieurs participants, il y avait rarement eu une telle réunion de groupe de La République En marche à l'Assemblée. « La plus agitée », avec une alternance « de grands froids et d'applaudissements », rapporte l'un d'eux. Alors que le gouvernement souhaite « sortir vite » des polémiques provoquées par le rejet à l'Assemblée d'une proposition UDI-Agir d'allongement du congé de cinq à douze jours après le décès d'un enfant, cette réunion a permis à un certain nombre de députés - accusés d'être des godillots et qui « ont eu l'impression qu'on s'essuyait les pieds sur eux », dixit l'un d'eux - de vider leur sac. Y compris contre Emmanuel Macron, dont la déclaration, samedi , demandant au gouvernement de « faire preuve d'humanité », a « causé cet engouement médiatique », a déploré un élu, quand une autre s'est sentie « touchée dans [son] honneur ».

« Patate chaude »

S'ils reconnaissent des erreurs - et notamment de ne pas avoir su se défendre sur le fond à propos d'une proposition de loi qu'ils estiment « réductrice » -, ils ont aussi pointé, à l'instar de la vice-présidente du groupe Marie Lebec, députée des Yvelines, « une erreur de management du gouvernement et du groupe ». D'autres, encore, ont regretté de voir « se renvoyer la patate chaude entre l'exécutif et la majorité ». Sur ce « sujet devenu une espèce de boule de feu », a-t-il admis, Edouard Philippe a assumé une « part de responsabilité […] du gouvernement », tout en défendant Muriel Pénicaud : « Tous ceux qui iront chercher la responsabilité ailleurs, sur Muriel, en interne ou en externe, je leur dis merde ! » a-t-il lâché.

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Comme nombre de parlementaires, la ministre du Travail « prend cher », selon une expression qu'elle a utilisée en évoquant à la fois les critiques et une proposition de loi « mal ficelée », selon les participants. « Nous n'avons pas su collectivement expliquer notre position, ni nous adapter. Les critiques nous font très mal », a reconnu le Premier ministre.

Fonctionnaires et indépendants

Tous les membres du gouvernement présents ont plaidé pour « corriger vite et passer à autre chose », selon les propos rapportés du Premier ministre. Le président LREM de l'Assemblée, Richard Ferrand, a exhorté « dans la douleur politique […] à se serrer les coudes » et à « rapidement sortir de ce qui est vécu comme une ornière » plutôt que de « patauger dans la gadoue ».

Lors des questions d'actualité au gouvernement à l'Assemblée, Muriel Pénicaud a plaidé pour « aller plus loin ». Elle a souligné que la proposition de loi de l'UDI Guy Bricout ne traitait que des salariés du privé et pas des fonctionnaires ni des indépendants. Un point que le gouvernement veut corriger.

Muriel Pénicaud a aussi évoqué les obstacles administratifs, l'accompagnement psychologique, la rupture « brutale » des allocations familiales. Une liste de sujets non exhaustive - comme l'extension au-delà de la majorité de l'enfant et les frais d'obsèques -, qui sera abordée lors de la concertation lancée avec les associations mardi, puis les partenaires sociaux ce mercredi. La forme que prendra l'accompagnement du dispositif par le patronat, qui avait plaidé pour voter la proposition de loi, est « attendue », glisse un conseiller ministériel.

Reprendre la main

Edouard Philippe a ouvert la porte à une « amélioration » de l'accompagnement global des parents endeuillés, dont certains points « relèveront du PLFSS ». Avec à la clé, financée par « la solidarité nationale » et notamment l'assurance-maladie, une extension du congé à douze jours, même si « aucun délai ne sera à la hauteur de ce que les parents vivent » et si le gouvernement s'attend à « une surenchère », dit une source gouvernementale.

Muriel Pénicaud a précisé que la proposition de loi serait amendée au Sénat , où elle est inscrite à l'ordre du jour le 3 mars. D'ici là, la concertation va se dérouler avec la participation de députés de la majorité ainsi que l'UDI Guy Bricout. Très froissés par cet épisode, des députés LREM souhaitent aussi reprendre la main via une nouvelle proposition de loi.

Isabelle Ficek et Leïla de Comarmond

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