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Pharmacies : masques et lavage de mains plombent les ventes de médicaments

Les comportements hygiéniques encouragés contre le coronavirus créent une barrière efficace contre les autres virus. Il n'y a pas eu d'épidémies saisonnières de grippe ou de gastro-entérite. Les ventes de sirops et de cachets ont chuté depuis l'automne.

Les officines dépistent et vaccinent contre le Covid-19, mais en l'absence d'autres épidémies, les ventes ne sont pas au rendez-vous pour la saison grippale.
Les officines dépistent et vaccinent contre le Covid-19, mais en l'absence d'autres épidémies, les ventes ne sont pas au rendez-vous pour la saison grippale. (Photo Syspeo/Sipa)

Par Solveig Godeluck

Publié le 7 mai 2021 à 07:00Mis à jour le 7 mai 2021 à 09:15

Quand les Français vont mieux, les pharmaciens s'enrhument. Cet hiver, il n'y a pas eu d'épidémie de grippe ou de gastro-entérite. Ce phénomène inédit a provoqué une dégringolade des ventes de médicaments courants , en particulier ceux dispensés en automédication contre les maux de tête, la fièvre, la diarrhée. « C'est simple, depuis octobre-novembre, pour les officines, la saison d'hiver n'a pas eu lieu ! », constate Jean-Marc Aubert, président du spécialiste des données de santé IQVIA France.

A la fin mars, les ventes de sédatifs contre la toux (Humex, Toplexil, etc.) avaient chuté de 54 % sur douze mois, la pénicilline à large spectre (Amoxicilline) de 36 %, les antirhumatismaux non stéroïdiens (Ibuprofène) de 27 %, les préparations rhinologiques locales (gouttes, spray à l'eau de mer) de 36 %, et les inhibiteurs de transit intestinal (Imodium) de 18 %, selon IQVIA.

« Même le paracétamol se vend moins bien, alors qu'il est utilisé contre les effets du Covid-19 et de la vaccination », souligne Jean-Marc Aubert. A contrario, la vitamine C est très demandée. ​« Peut-être les gens croient-ils qu'elle va les aider à combattre le risque d'infection par le virus », avance-t-il.

Quasiment pas de morts de la grippe cette année

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En mars 2020, quand le premier confinement a débuté , la saison des virus avait déjà eu lieu, contrairement à ce qui se passe aujourd'hui. « Et on ne savait pas si les ventes de la fin de l'hiver avaient chuté à cause des gens qui ne sortaient plus de chez eux, ou bien à cause de ceux qui ne tombaient plus malades », remarque Jean-Marc Aubert.

Selon le réseau de veille médicale Sentinelles, il y a eu très peu de grippes en France depuis l'irruption du Covid-19, en comparaison des 2,5 millions de personnes infectées lors d'une année normale. Le nombre de décès dus à cette maladie, déjà ramené à 3.700 en 2019-2020, serait proche de zéro en 2020-2021.

Quant à la traditionnelle épidémie hivernale de gastro-entérite, elle est passée sous les radars, avec une incidence maximale des diarrhées aiguës de 80 cas hebdomadaires pour 100.000 habitants autour du Nouvel An, alors que les pics hivernaux oscillent habituellement entre 240 et 400 pour 100.000 personnes. « Entre novembre et avril, en moyenne, on constate une baisse d'environ 30 % par rapport aux années précédentes », note Jean-Marc Aubert.

Un modèle économique en question

Certes, le Covid-19 fait toujours rage dans le pays , ce qui n'autorise pas à considérer que la santé générale s'améliore. Néanmoins, les gestes et mesures barrières adoptés depuis le début de la crise sanitaire ont arrêté net les autres virus hivernaux. « Avec le port du masque, il n'y a plus de pathologies. Pour nous, ça veut dire plus de 145 millions d'euros de perte de rémunération sur les trois premiers mois de l'année », résume Philippe Besset, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.

Pourtant, avec l'épidémie de Covid-19 , les pharmaciens de ville gagnent au change sur le trimestre, grâce aux masques (46 millions d'euros de marge), aux tests antigéniques (178 millions) et aux vaccins (3 millions). Mais la manne ne profite qu'à la moitié des officines : celles qui font du dépistage.

« C'est quand même satisfaisant de voir qu'on a empêché les gens de tomber malades grâce à la prévention, alors pourquoi pas pérenniser le port du masque dans le métro ou l'usage du gel ? », interroge Philippe Besset. Le syndicaliste va rencontrer le ministre de la Santé, Olivier Véran, dans deux semaines et compte lui demander de rouvrir une négociation conventionnelle afin de revoir en ce sens les missions et la rémunération des pharmaciens.

Solveig Godeluck

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