Partager
Santé

Coronavirus : les groupes sanguins pourraient influencer la transmission du Covid-19

A l'échelle de la population, les groupes sanguins pourraient légèrement favoriser les O et un peu désavantager les A, d'après une étude chinoise encore non publiée. Des résultats non confirmés qui ne doivent pas influer sur notre comportement individuel face au Covid-19.

1 réaction
Coronavirus : les groupes sanguins pourraient influencer la transmission du Covid-19

En France, 44% des gens sont de groupe sanguin A, 42% sont O, 10% sont B, et 4% sont AB, d'après l'Etablissement Français du Sang (EFS).

NOBEASTSOFIERCE / SCIENCE PHOTO LI / DDJ / Science Photo Library / AFP

Les personnes du groupe sanguin O seraient moins à risque d'être infectées par le virus du Covid-19 et celles du groupe A le seraient un peu plus, d'après une publication préliminaire chinoise. Mais même si elles étaient vérifiées par de futures études, ces différences de susceptibilités seraient loin d'être alarmantes pour les A, et ne doivent pas relâcher la vigilance des O.

Un peu plus de A et un peu moins de O chez les malades

"Il y a peu de preuves pour étayer l'affirmation selon laquelle il n'y aurait pas plus qu'une corrélation fortuite entre le groupe sanguin ABO et la susceptibilité à contracter le Covid-19", réagi sur Science Media Centre le Dr Sakthi Vaiyapuri, professeur associé en pharmacologie cardiovasculaire au Royaume-Uni. Dans l'étude chinoise dont il est question, les 1775 malades du Covid-19 hospitalisés à Wuhan avaient en effet une répartition des groupes sanguins un peu différents de ceux de la population normale. Les patients étaient ainsi 38% (contre 32% dans la population normale) du groupe A, 26% (contre 25%) du groupe B, 10% (contre 9%) du groupe AB, et 26% (contre 34%) du groupe O.

On observe en effet une proportion plus importante de A et moindre de O chez les malades par rapport à leur répartition dans la population normale. Mais pour autant, les malades sont loin d'être tous du groupe A, et les O d'être immunisés. Première précaution à avoir en lisant cette étude : elle est en prépublication, ce qui signifie qu'elle n'a pas subi la relecture par d'autres scientifiques – ce qu'on appelle "peer-review" – pour confirmer sa qualité. D'autre part, même si l'on part du principe que ces travaux sont fiables, ils ne constituent pas une preuve que les groupes sanguins ont vraiment un rôle dans l'infection. "Sans établir de liens de causalité entre le coronavirus et les antigènes du groupe sanguin ABO, il est difficile de comprendre cette conclusion qui pourrait être purement fortuite", précise le Dr Sakthi Vaiyapuri.

Les groupes sanguins ont montré qu'ils affectaient certains virus

Mais admettons : serait-il possible qu'un groupe sanguin puisse modifier la susceptibilité à une infection ? La réponse est oui, et cela a d'ailleurs déjà été observé par ailleurs. Ainsi, le norovirus dit "de Norwalk", cause fréquente de gastro-entérite, affecte particulièrement les personnes du groupe sanguin O, tandis que l'hépatite B affecte préférentiellement les personnes du groupe A. Plus intéressant encore, le groupe sanguin O "était associé à une sensibilité réduite à l'infection par le SRAS", virus cousin du Covid-19, concluait une étude de 2005. Les chercheurs supposaient alors que le virus du SRAS pourrait avoir une affinité avec les marqueurs de groupe sanguin présents sur les cellules de l'intestin. "Une différence de liaison pourrait affecter l'entrée du virus et la susceptibilité à l'infection par le SRAS."

Pour comprendre, il faut savoir que nos groupes sanguins sont définis par la présence de molécules spécifiques sur nos globules rouges et les cellules tapissant notre peau et nos muqueuses (cellules épithéliales). Ces molécules sont de type A ou de type B. Lorsqu'on possède les deux, on est de groupe AB, tandis que les O n'ont ni l'une ni l'autre. Or, notre système immunitaire considère que les molécules qui n'apparaissent pas sur nos propres cellules sont des étrangères à combattre. Les personnes de groupe A auront donc des anticorps anti-B, les B des anti-A, et les O les deux. C'est notamment ce qui conditionne la compatibilité dans le don du sang.

D'après les auteurs de l'étude sur le Covid-19, les anticorps anti-A et anti-B, en particulier le premier, pourraient interférer avec la liaison du virus sur nos cellules et entraver ainsi le processus infectieux. Une hypothèse qui se base sur une étude française de 2008, présentant un modèle mathématique de transmission du virus du SRAS. Les chercheurs avaient alors observé que "les anticorps anti-A et anti-B naturels peuvent contribuer à protéger contre certaines maladies virales à l'échelle d'une population".

Ces derniers mots ont leur importance : c'est à l'échelle d'une population et non d'un individu que les groupes sanguins semblent conférer un avantage ou un désavantage face au virus du SRAS, cousin du Covid-19. Que vous soyez A, B ou O, ne partez donc pas du principe que vous êtes plus ou moins bien armé contre le Covid-19. Pour se protéger, rester chez soi et respecter les gestes barrières lorsque les sorties sont nécessaires sont les seules stratégies sûres.

1 réaction 1 réaction
à la une cette semaine

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite recevoir toutes les alertes infos de la rédaction de Sciences et Avenir

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Santé
Nature
Archéo
Espace
Animaux
Je ne souhaite plus recevoir de notifications