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STEPHANE OIRY

La France et les épidémies : 2010-2011, le changement de doctrine

Par  et
Publié le 05 mai 2020 à 18h30, modifié le 06 mai 2020 à 05h32

Temps de Lecture 18 min.

Il n’en peut plus. En cinq ans passés à la tête de l’incontournable Direction générale de la santé (DGS), où il a été nommé en mars 2005, le professeur Didier Houssin s’est rarement senti aussi amer qu’en ce printemps 2010.

La controverse sur la gestion de la grippe A(H1N1) et l’achat, dans des quantités jugées excessives, de vaccins et de masques est venue entacher un parcours sans faute aux côtés des ministres de la santé, d’abord Xavier Bertrand puis Roselyne Bachelot. La période est peu charitable pour ce médecin-fonctionnaire : il a les médias sur le dos, mais aussi certains responsables politiques, et voilà même que la police s’en mêle. « J’ai passé une journée rue du Château-des-Rentiers (siège à l’époque de la police financière parisienne), parce que, en gros, on voulait savoir si on avait été, au mieux, roulé par l’industrie, au pire, corrompu pour l’achat des vaccins ! On en a bavé des ronds de chapeaux, avec Roselyne… », se rappelle Didier Houssin. L’ancien chef de service de l’hôpital Cochin a une bonne tête de bouc émissaire.

Discréditer le pouvoir sarkozyste

De fait, l’heure est aux grandes explications. Sur France 3, la journaliste Elise Lucet somme le ministère de la santé de battre sa coulpe sur l’argent dilapidé ; les médecins libéraux, mis de côté pendant la campagne de vaccination, sont furieux. Quant à l’opposition, elle est sur le qui-vive, déterminée à discréditer un peu plus un pouvoir sarkozyste par ailleurs encalminé dans l’affaire Bettencourt à partir du mois de juin. Une commission d’enquête parlementaire sur la gestion de la crise A(H1N1) a vu le jour quelques mois plus tôt, en février 2010, au grand dam de l’UMP. Au beau milieu de ce capharnaüm, il y a donc le professeur Houssin, usé par la fonction. Au point qu’il utilise une drôle d’unité de mesure pour étalonner les piles de dossiers entassées dans son bureau : le « kilomètre ».

Mais la vraie victime est ailleurs. Ci-gît la politique de sécurité sanitaire française, durablement touchée par le scandale. « J’étais très amer, se souvient M. Houssin. On a essayé de faire notre boulot, tout simplement. Et on s’en est pris plein la poire… » Le discours de raison n’est plus audible. A la prochaine crise sanitaire, gare au retour de manivelle, se prennent à penser les professionnels de la santé. C’est donc là que se situe le nœud de l’affaire. Les prémices du « désarmement ».

« Il faut prévoir le scénario du pire, même si ça coûte. Ecole Chirac, il n’y a pas de débats »
Xavier Bertrand, ancien ministre de la santé

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