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Jean Tirole : face au coronavirus, « allons-nous enfin apprendre notre leçon ? »

Le Prix Nobel d’économie 2014 considère que cette période peut être l’occasion de nous amener à changer de comportements et de politiques face à d’autres fléaux, comme le réchauffement climatique ou les inégalités.

Publié le 25 mars 2020 à 05h00, modifié le 25 mars 2020 à 12h21 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. Qu’elles soient civiles, interétatiques ou sanitaires, les guerres laissent leur marque dans la société. Les recherches en sciences sociales montrent qu’elles réduisent les tendances individualistes et augmentent l’empathie. Les individus se comportent de manière plus coopérative et altruiste ; ils sont plus enclins à rejoindre des groupes sociaux. Avec des différences selon le type de guerre : contrairement aux guerres civiles, les guerres entre Etats génèrent des intérêts communs qui comblent les écarts entre les groupes.

Bien sûr, une grande partie de ce nouvel altruisme s’exprime envers son propre groupe, l’« endogroupe », comme par exemple les concitoyens dans une guerre contre un ennemi extérieur. Une guerre sanitaire contre le Covid-19 a cet avantage que le groupe s’étend, au-delà de ses concitoyens, à toute l’humanité et qu’il n’y a pas d’« exogroupe » autre que le virus… à condition que l’on n’appelle pas le virus « maladie chinoise », comme l’a fait le président américain, et que ne prévale pas le réflexe « chaque pays pour lui-même ».

Si cette crise génère un tel rapprochement entre nos compatriotes et entre Européens, cela pourrait être une bonne nouvelle, étant donné la tendance récente au populisme, au nationalisme, à l’intolérance ethnique et religieuse. De ce point de vue, la reformulation par le président Macron de la lutte contre le coronavirus comme une « guerre » pourrait avoir été judicieuse.

Vulnérabilité globale

Si l’on peut être raisonnablement optimiste à cet égard, il est moins probable que l’élaboration des politiques publiques adopte une perspective à plus long terme. Allons-nous enfin apprendre notre leçon ? Nous sous-investissons dans l’éducation et la formation continue ; nous négligeons le combat contre le changement climatique et diverses autres politiques qui limiteraient les dommages causés à la prochaine génération par le climat, l’intelligence artificielle, la dette, l’inégalité et autres défis imminents.

Le Covid-19 nous rappelle notre vulnérabilité globale dans le domaine de la santé. Nous devons investir dans des systèmes de santé efficaces et promouvoir la recherche, qui nous permettra de répondre rapidement aux menaces émergentes. Nous étions déjà conscients du manque de recherche sur les antibiotiques, compte tenu de l’augmentation de l’antibiorésistance. Nous étions préoccupés par la guerre biologique. Nous tremblons de peur face à la fonte du pergélisol qui, en plus d’émettre des volumes importants de gaz à effet de serre, va libérer d’anciens virus et bactéries, avec des conséquences imprévisibles. Nous réalisons maintenant que le problème est encore plus large. Les crises sanitaires mondiales ne sont plus des « événements rares ».

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