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Les partenaires sociaux demandent à revoir la gouvernance du futur système de retraite

Dans un climat de défiance de la part de certains syndicats, la conférence de financement a évoqué la façon dont sera piloté le régime universel de retraite. Syndicats et patronat veulent gagner en autonomie et critiquent l'influence du gouvernement, via le comité d'experts.

Le secrétaire général de FO, Yves Veyrier, a prédit que la conférence de financement serait un « naufrage ».
Le secrétaire général de FO, Yves Veyrier, a prédit que la conférence de financement serait un « naufrage ». (Stéphane de Sakutin / AFP)

Par Solveig Godeluck

Publié le 20 févr. 2020 à 18:04Mis à jour le 21 févr. 2020 à 13:43

Que de théâtre autour des retraites. La conférence de financement qui réunit les partenaires sociaux sous la férule de Jean-Jacques Marette, l'ancien patron de l'Agirc-Arrco, n'est pas encore entrée dans la phase de négociations . Mais déjà, les syndicats les plus opposés au projet de réforme des retraites font savoir leur mécontentement. Certains se sont rendus à la séance de jeudi matin en traînant les pieds - même si le sujet du jour, celui de la gouvernance , est à leurs yeux de la plus haute importance.

Ainsi, le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, a prédit l'échec de cette conférence. « Je constate qu'elle prend l'eau de toutes parts, que certains essaient d'écoper bon an mal an, mais qu'à l'arrivée, on va au naufrage », a-t-il déclaré à l'AFP. FO continuera d'« y aller pour voir », « pour surveiller », a-t-il cependant expliqué.

Quant à la CGT, elle a lancé la veille un ultimatum au gouvernement pour qu'il réponde à ses propositions alternatives de réforme, faute de quoi elle proposera à ses instances de se retirer de la conférence, et organisera une « contre-conférence » avec d'autres organisations syndicales. Son programme prévoit de revenir à la retraite à 60 ans et au calcul de la pension sur la base des dix meilleures années, et d'améliorer la prise en compte de la pénibilité. Le tout pour un montant de 41 milliards d'euros, alors que l'objet de la conférence est de proposer des mesures pour combler le déficit du système de retraite en 2027.

Ceinture et bretelles

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Malgré ces proclamations, les syndicats ont tous travaillé pour la séance de jeudi. Unanimes et d'accord avec le patronat, ils ont dénoncé le schéma de gouvernance imaginé par le gouvernement. Le conseil d'administration de la Caisse nationale de retraite universelle (CNRU), au sein duquel les partenaires sociaux prendront les décisions de pilotage financier, y est beaucoup trop encadré à leur goût. Car le comité d'experts indépendant des retraites (CEIR) interviendra à la fois en amont, via son rapport annuel pour actualiser la trajectoire financière, puis en aval, quand il publiera son avis sur la délibération du conseil de la CNRU.

« C'est ceinture et bretelles pour le gouvernement. Nous ne voulons pas d'étatisation », critique Dominique Corona, le négociateur de l'Unsa, qui ne voit pas quel besoin a le CEIR de se prononcer après la CNRU. « Je comprends que le gouvernement ne veuille pas s'asseoir sur ses prérogatives concernant 14 % du PIB. Mais de toute façon, si le conseil d'administration de la CNRU n'a pas pris de décision au 30 juin de chaque année, le gouvernement reprendra la main. On n'a pas besoin d'un avis en plus », développe le syndicaliste. L'inspiration des partenaires sociaux, c'est la gouvernance paritaire de l'Agirc-Arrco. Elle revalorise les pensions chaque année; il suffit ensuite d'un arrêté ministériel pour élargir cette décision à d'autres régimes. 

Par ailleurs, les partenaires sociaux demandent de remplacer le CEIR par l'actuel conseil d'orientation des retraites, où ils siègent. Ou bien de laisser le conseil de la CNRU désigner au moins deux membres pour siéger au CEIR, aux côtés du directeur général de l'Insee et des personnalités nommées par l'Elysée, la Cour des comptes, l'Assemblée, le Sénat, le conseil économique social et environnemental.

Solveig Godeluck    

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