C’est un aveu qu’on n’attend pas de la part d’une jeune pousse. Encore moins quand celle-ci est cotée et scrutée d’aussi près chaque trimestre. A l’occasion de la publication de ses résultats du deuxième trimestre mardi 28 juillet, Twitter a en effet admis sa difficulté à faire croître sa base d’utilisateurs, marqueur ultime de la bonne santé d’un réseau social.
Fin juin, le réseau social indiquait disposer de 316 millions d’abonnés, en hausse de 8 millions par rapport au trimestre précédent. Une très légère progression principalement due aux utilisateurs qui passent par un service allégé de tweets par SMS, pensé pour les pays émergents où l’Internet mobile n’est pas encore très performant. Problème : les dirigeants de Twitter n’éprouvent habituellement pas le besoin de communiquer ce chiffre d’abonnés « light » tant la croissance d’abonnés « normaux » est importante.
« C’est inacceptable », a lâché Jack Dorsey, le fondateur et patron du groupe en marge de la conférence téléphonique de présentation des résultats. Les marchés ont immédiatement sanctionné le réseau social : le cours du titre a plongé de 11 % dans les échanges après la clôture de Bourse, pour atteindre 32,40 dollars.
Une débâcle qui a éclipsé des résultats pourtant en hausse. Sur la période allant d’avril à juin 2015, l’oiseau bleu a vu son chiffre d’affaires s’envoler de 61 % sur un an, à 500 millions de dollars (452,9 milliards d’euros). Quant aux bénéfices, le site n’en fait toujours pas, privilégiant la croissance du chiffre d’affaires : sur les trois derniers mois, il a accusé un déficit de 137 millions de dollars.
Des annonceurs absents
Mais pour les marchés, comme pour les observateurs, ces chiffres ne suffisent pas. Si les utilisateurs ne sont pas au rendez-vous, les annonceurs ne le seront pas non plus. Et la part de marché de Twitter dans la publicité en ligne, la source de revenus principale du site, aura du mal à décoller. Pour l’instant, elle plafonne, selon le cabinet eMarketer, à 0,87 %, contre 7,93 % pour Facebook et 31 % pour Google, le leader absolu du secteur.
C’est que, contrairement à ces deux autres géants de l’Internet, Twitter n’est pas encore fréquenté en masse par le grand public. Certes, on y trouve des stars suivies par des cortèges de fans, mais l’outil est surtout utilisé par des professionnels : des politiques, des communicants ou des journalistes.
Résultat, même lorsqu’ils s’inscrivent sur Twitter, les internautes ont moins tendance à y retourner que sur Facebook ou Google. Ainsi, seuls 44 % des utilisateurs du réseau social de microblogging consultent leur fil de tweets tous les jours, contre 65 % chez Facebook. Un phénomène dont les annonceurs ont bien conscience.
« Nous n’avons touché que les précurseurs et ceux qui s’enthousiasment pour les technologies », a confessé Anthony Noto, le directeur financier de Twitter. « Le produit reste trop difficile à utiliser, et le grand public ne comprend pas bien comment se servir du réseau ni quelle valeur il peut apporter », a-t-il expliqué. Revenu prendre les commandes de l’entreprise en juin, M. Dorsey a intérêt à vite redresser la barre.
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