1. Évaluation générale de la situation macroéconomique

Les perspectives de l’économie mondiale se sont considérablement améliorées, mais à des degrés divers selon les économies. Dans les économies avancées, grâce au déploiement progressif de vaccins efficaces, les activités impliquant une grande proximité physique – limitées par les mesures prises pour freiner les contaminations – ont pu commencer à rouvrir progressivement. Parallèlement, les mesures supplémentaires de relance budgétaire adoptées cette année contribuent à renforcer la demande, à réduire les capacités excédentaires et à atténuer le risque que la pandémie ne laisse des séquelles durables. En l’état actuel des dispositions prévues, une certaine modération du soutien budgétaire semble probable en 2022, mais le raffermissement de la confiance et l’allègement des restrictions sanitaires devraient inciter les ménages à dépenser. En revanche, dans de nombreuses économies de marché émergentes, la lenteur des campagnes de vaccination, l’apparition de nouvelles vagues de contamination et les mesures de freinage qu’elles entraînent continueront de peser sur la croissance pendant un certain temps, en particulier lorsque les marges de soutien de l’activité sont limitées.

Le PIB mondial devrait augmenter de 5 ¾ pour cent en 2021 et avoisiner 4 ½ pour cent en 2022 (tableau 1.1). L’activité économique mondiale a désormais retrouvé son niveau d’avant la pandémie, mais restera, fin 2022, inférieure aux projections pré-crise. Dans la zone OCDE, la croissance pourrait atteindre 5 ¼ pour cent en 2021, tirée par le redressement vigoureux des États-Unis, avant de refluer à 3 ¾ pour cent en 2022, le dynamisme des dépenses privées contribuant à rapprocher le niveau du PIB de la trajectoire attendue avant la pandémie dans la plupart des pays. En Chine, la production a déjà retrouvé cette trajectoire et devrait s’y maintenir en 2021 et 2022. Dans d’autres économies de marché émergentes, dont l’Inde, le PIB pourrait continuer de diverger considérablement par rapport aux projections antérieures à la pandémie, et leur croissance ne devrait s’accélérer que lorsque les effets de celle-ci se dissiperont.

Des signes de plus fortes tensions sur les coûts des intrants sont apparus au cours des derniers mois, mais l’ampleur des capacités excédentaires dans le monde devrait empêcher une remontée sensible et durable de l’inflation sous-jacente. La récente hausse des taux d’inflation globale est due à l’appréciation des prix du pétrole et d’autres produits de base, à une augmentation des coûts de transport, au retour à la normale des prix dans les secteurs durement touchés suite à l’assouplissement des restrictions et à des facteurs ponctuels comme des modifications de la fiscalité, et elle devrait se modérer à court terme. Comme les taux de chômage et d’emploi ne retrouveront probablement leurs niveaux pré-pandémie qu’après la fin de 2022 dans de nombreux pays, les tensions sur les ressources devraient rester modestes au cours des 18 mois à venir.

Ces perspectives rassurantes sont néanmoins entourées d’important risques de révision des projections, à la hausse comme à la baisse, qui sont liés à l’évolution de la pandémie et de l’épargne des ménages et à la situation des économies de marché émergentes et des pays en développement :

  • D’importantes incertitudes subsistent concernant l’évolution de la pandémie. De nouveaux variants, plus contagieux et mortels et plus résistants aux vaccins existants, pourraient apparaître, à moins que des campagnes de vaccination efficaces et généralisées ne soient rapidement menées partout dans le monde. Il faudrait alors réintroduire des mesures de freinage strictes, entraînant des coûts économiques liés à la baisse de la confiance et à la réduction des dépenses. À l’inverse, des campagnes de vaccination plus rapides que prévu et des actions efficaces visant à éradiquer le virus avant la fin des campagnes de vaccination renforceraient la reprise dans toutes les économies.

  • L’évolution de l’épargne des ménages constitue un risque de révision à la hausse, indépendamment de l’évolution du virus, en particulier dans les économies avancées. Les actifs financiers acquis grâce à l’augmentation de l’épargne des ménages l’année dernière pourraient être utilisés pour libérer la demande non satisfaite au lieu d’être thésaurisés, ainsi que le prévoient ces projections, ou encore utilisés pour rembourser des dettes. Compte tenu des montants en jeu, la transformation en dépenses d’une fraction seulement de cet « excès » d’épargne accumulée accélèrerait sensiblement la croissance du PIB, provoquant des tensions sur les prix parallèlement à la résorption des capacités inutilisées. Le retour à la normale du taux d’épargne des ménages en 2021 et 2022 pourrait aussi être plus rapide que prévu.

  • Dans les économies avancées, la concrétisation de ce risque pourrait faire monter l’inflation et, par ricochet, mettre en difficulté financière les pays en développement et les économies de marché émergentes vulnérables. Des sorties de capitaux et un réajustement marqué des prix de certains actifs, notamment des monnaies, pourraient imposer un resserrement des politiques économiques visant à regagner la confiance des investisseurs. L’augmentation de l’endettement de certains pays en développement et économies de marché émergentes pendant la crise liée au COVID-19 les a sans doute rendus plus vulnérables à des chocs financiers externes de cette nature. Cela dit, les économies de marché émergentes bénéficieraient du raffermissement de la demande des économies avancées, ce qui compenserait dans une certaine mesure le durcissement des conditions financières.

Dans cet environnement incertain et inédit, les décideurs devront continuer à faire preuve de souplesse et les politiques publiques devraient être modulées en fonction des évolutions économiques.

  • Mobiliser toutes les ressources nécessaires pour mener des campagnes de vaccination dans le monde entier, aussi rapidement que possible, est une priorité absolue pour sauver des vies, préserver les revenus et limiter les effets négatifs des mesures de freinage. Des efforts internationaux plus énergiques s’imposent pour fournir aux pays à faible revenu les ressources dont ils ont besoin pour vacciner leur population, dans leur propre intérêt et dans celui de la planète. Il est impératif de partager les connaissances ainsi que les ressources médicales et financières et d’éviter les interdictions préjudiciables aux échanges commerciaux, en particulier concernant les produits de santé, pour faire face aux enjeux nés de la pandémie.

  • L’orientation actuelle très accommodante des politiques monétaires devrait être maintenue dans les économies avancées, et les banques centrales devraient laisser l’inflation globale dépasser temporairement l’objectif visé, à condition que les tensions sous-jacentes sur les prix soient contenues. Les autorités devraient adopter toutes les mesures macroprudentielles requises pour garantir la stabilité financière en cas de faiblesse prolongée des taux d’intérêt et d’abondance durable des liquidités.

  • Il faut continuer de soutenir les revenus des ménages et des entreprises, jusqu’à ce que la vaccination permette d’assouplir nettement les restrictions des activités se prêtant mal à la distanciation physique. Ces mesures devraient viser principalement à aider les personnes et les entreprises, en particulier dans les secteurs qui restent soumis à des restrictions sanitaires, sous la forme de subventions et de recapitalisations plutôt que de prêts. Même après l’assouplissement des restrictions concernant ces activités, les séquelles de la crise, avec des entreprises surendettées et des travailleurs ayant perdu leur emploi, imposeront l’adoption de mesures d’aide ciblées pour éviter un nombre excessif de faillites et des stigmates trop importants. Il faudra également accroître les investissements publics dans les infrastructures sanitaires, numériques et énergétiques pour renforcer la résilience et améliorer les perspectives d’instauration d’une croissance durable.

  • Les aides budgétaires devraient être modulées en fonction de la situation de l’économie. Étant donné l’ampleur des capacités excédentaires à l’heure actuelle, la vigueur des mesures de relance budgétaire prises cette année est une bonne chose. Ces mesures seront probablement allégées en 2022, en partie du fait du démantèlement programmé des dispositifs d’aide liés à la crise parallèlement à la reprise des activités économiques, ce qui est justifié à condition que le redressement suive le cours prévu. Si des risques de révision à la hausse devaient se matérialiser sur fond d’amélioration de la situation du marché du travail dans des proportions inattendues, il faudrait alors réduire les aides budgétaires, mais agir a contrario si des risques à la baisse devaient en revanche se concrétiser. Garantir la viabilité de la dette ne sera une priorité qu’une fois la reprise bien engagée, mais il faudrait commencer dès maintenant à préparer une stratégie de gestion des finances publiques avec une marge adéquate pour des investissements publics.

  • Ce soutien macroéconomique doit s’accompagner de réformes structurelles permettant de renforcer la résilience et le dynamisme des économies et d’atténuer le changement climatique. La conjonction de ces mesures peut contribuer à favoriser le redéploiement des ressources en main-d’œuvre et en capital vers les secteurs et activités ayant un potentiel de croissance durable, relevant ainsi le niveau de vie de tous.

La pandémie a porté un coup particulièrement rude à nombre d’économies de marché émergentes et de pays en développement. Dans certains cas, des opérations massives d’emprunt extérieur destinées à amortir le choc ont accentué des difficultés préexistantes liées au niveau élevé de la dette souveraine ou de l’endettement des entreprises avant la crise. Les bailleurs de fonds publics des économies du G20 ont certes suspendu temporairement le service de la dette des pays les plus pauvres, mais sauf allègement, il faudra probablement procéder à une restructuration de la dette de certains pays en développement et économies de marché émergentes dans les années à venir. Ce processus serait facilité par une plus grande transparence concernant l’ampleur réelle de l’endettement, passifs éventuels et prêts bilatéraux opaques compris. Une coopération internationale plus étroite reste nécessaire pour étayer les efforts déployés par le G20 en vue de remédier aux problèmes liés à l’endettement des économies de marché émergentes et des pays en développement.

Les perspectives d’une reprise mondiale durable continuent de s’améliorer à la faveur du déploiement progressif de vaccins efficaces, de la poursuite de politiques macroéconomiques de soutien, et au vu d’indications que les économies gèrent mieux aujourd’hui les mesures visant à éradiquer le virus. Dans beaucoup de pays, les perturbations économiques provoquées par la pandémie ont été d’une ampleur exceptionnelle et la reprise prendra probablement du temps. Le PIB mondial a diminué de 3 ½ pour cent environ en 2020 et celui de la zone OCDE d’environ 4 ¾ pour cent, soit des baisses nettement plus importantes que lors de la crise financière mondiale. Dans certains pays européens et économies de marché émergentes, le recul de la production a été particulièrement prononcé, en raison de difficultés à maîtriser la pandémie et de l’importance du secteur des voyages et du tourisme dans de nombreuses économies (OCDE, 2021a). Dans d’autres pays, dont bon nombre appartenant à la région Asie-Pacifique, la baisse de la production en 2020 n’a été que modérée, grâce aux mesures de santé publique énergiques et efficaces prises pour stopper la propagation du virus ou y mettre fin et à l’effet stimulant du redressement rapide de la Chine sur la région. Dans tous les pays, les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables ont subi de manière disproportionnée les répercussions de la crise.

La reprise économique amorcée à mi-2020 est inégale et reste loin d’être achevée (graphique 1.1). À l’échelle mondiale, le PIB était encore au dernier trimestre de 2020 inférieur de 4 % aux anticipations pré-pandémie d’il y a un an, soit un déficit de revenu réel proche de 5 000 milliards USD (à PPA). La différence entre les méthodes statistiques, dont les effets semblent toutefois généralement modestes, explique en partie les variations de PIB (encadré 1.1). La reprise mondiale a ralenti au premier trimestre 2021, les signes de divergences internationales et intranationales se multipliant en raison de la progression contrastée des campagnes de vaccination et de l’apparition de nouvelles vagues de contamination dans certaines économies.

  • Selon les estimations, la croissance du PIB mondial a reflué aux alentours de 0.5 % au premier trimestre de 2021 (taux en glissement trimestriel, non annualisé) (graphique 1.1, partie A). Si la dynamique de croissance s’est renforcée aux États-Unis grâce aux mesures de relance et à la progression rapide des campagnes de vaccination, la production a de nouveau reculé dans un certain nombre d’économies, notamment dans la zone euro et au Japon. La croissance s’est également modérée en Chine, où les politiques publiques commencent à revenir progressivement à la normale. Globalement, dans les pays pour lesquels on dispose d’estimations mensuelles de l’activité économique, la production est restée en mars 2021 inférieure d’environ 1 ½ pour cent à son niveau d’avant la pandémie (graphique 1.1, partie B).

  • À l’échelle mondiale, la mobilité, mesurée à l’aide des indicateurs de mobilité géolocalisés relatifs aux commerces et aux loisirs élaborés par Google, s’est améliorée en février et en mars, avant de stagner en avril (graphique 1.1, partie C). Elle a progressé dans les économies avancées, en particulier celles où les mesures de freinage sont en train d’être assouplies comme les États-Unis, Israël et, depuis avril, le Royaume-Uni. En revanche, elle régressait de nouveau jusqu’à il y a peu dans certaines parties d’Europe, ainsi qu’en Amérique latine et en Inde, sous l’effet du durcissement des mesures d’endiguement destinées à contrer des résurgences de la pandémie.

  • Les mesures de santé publique prises pour freiner la propagation du virus et la moindre mobilité qui en découle sont désormais moins préjudiciables à l’activité qu’aux premiers stades de la pandémie (OCDE, 2021b). Les mesures de freinage sont plus judicieusement ciblées et les entreprises comme les consommateurs se sont adaptés à l’évolution des modes de travail et des restrictions sanitaires.

  • La production industrielle mondiale a continué de s’affermir cette année. Les échanges mondiaux de biens ont dépassé leur niveau pré-pandémie (voir plus loin) grâce à la vigueur de la demande de matériel informatique et de fournitures médicales (graphique 1.1, partie B). Néanmoins, des pénuries dans le secteur des semi-conducteurs dues au dynamisme exceptionnel de la demande de matériel informatique pendant la pandémie, ainsi qu’à des perturbations temporaires de la production subis par des producteurs importants, commencent à limiter la production dans certains secteurs, notamment dans la construction automobile1.

  • En volume, les ventes au détail à l’échelle mondiale sont maintenant reparties à la hausse après être restées stables pendant plusieurs mois (graphique 1.1, partie B). De nombreuses activités du secteur des services sont encore affectées par les restrictions liées à la santé, et les échanges internationaux de services demeurent extrêmement faibles, mais la réouverture progressive des économies et le soutien de la politique budgétaire ont consolidé la demande. Les taux d’épargne des ménages restent supérieurs à leur niveau pré-pandémie (voir plus loin), ouvrant des perspectives de dépenses futures, mais la confiance des consommateurs se rétablit (graphique 1.1, partie D).

  • La confiance des entreprises a continué de s’améliorer (graphique 1.1, partie D). En avril, l’indice composite des directeurs d’achat pour la production mondiale a atteint son plus haut niveau depuis mi-2010. Les indicateurs relatifs au secteur manufacturier et, dans une moindre mesure, aux services se sont améliorés, même si cela n’a pas été le cas dans toutes les grandes économies.

Les indicateurs du commerce mondial de marchandises ont continué à se redresser (graphique 1.4, partie A), grâce au renforcement de la demande mondiale d’équipements de protection individuelle et de matériel informatique et à la libération progressive de la demande non satisfaite de biens durables dans certaines économies avancées. Le trafic de conteneurs dans les ports et le volume total des échanges de marchandises sont maintenant supérieurs à leur niveau de 2019, à la faveur du rebond vigoureux du commerce en Asie. Par contre, les échanges de services restent faibles, en particulier dans le transport aérien, puisque le nombre total de vols commerciaux en avril était inférieur d’environ 32 % à la moyenne de 2019 et que le chiffre d’affaires du transport aérien international de passagers était encore inférieur de 88 % en mars à ce qu’il était deux ans plus tôt.

Malgré la persistance des incertitudes, l’investissement a rebondi dans de nombreuses économies depuis la mi-2020, contribuant à étayer le redressement des échanges (graphique 1.4, partie B). Au quatrième trimestre 2020, l’investissement total dans les économies du G7 était au même niveau qu’un an auparavant, alors que la consommation privée était toujours inférieure de près de 4 ½ pour cent à son niveau pré-pandémie et que l’investissement surpassait son niveau d’avant la crise dans plusieurs grandes économies, notamment aux États-Unis, en Turquie et au Brésil. L’investissement en biens d’équipement professionnel a été stimulé par les nouveaux investissements dans le matériel et les systèmes nécessaires au télétravail et, dans certaines économies de marché émergentes, par la faiblesse des taux d’intérêt réels et par les mesures quasi budgétaires de renforcement de l’offre de prêts. L’investissement résidentiel s’est également redressé, en particulier en Amérique du Nord, grâce à des conditions de financement favorables et à des restrictions aux activités de construction qui sont restées limitées. Des aides publiques conséquentes ont également permis à de nombreuses entreprises de poursuivre leur activité et contribué à préserver l’accès aux financements externes (voir plus loin).

Dans les économies de l’OCDE, on comptait en mars toujours environ 7½ millions de chômeurs de plus qu’avant la crise, les taux d’inactivité ayant augmenté et les taux d’emploi agrégé diminué. Les femmes, les jeunes et les travailleurs faiblement rémunérés ont été particulièrement exposés au risque de perte d’emploi pendant la pandémie. Au quatrième trimestre 2020, les niveaux médians du taux d’activité et du taux d’emploi dans les économies de l’OCDE étaient respectivement inférieurs de 0.3 et 1 point à ceux d’un an auparavant (graphique 1.5, partie A). L’emploi a reculé de manière relativement marquée aux États-Unis et dans de nombreuses économies de marché émergentes, mais les dispositifs de maintien dans l’emploi, comme le chômage partiel ou les subventions salariales, ont continué de contribuer à préserver l’emploi en Europe et au Japon. Dans les pays en développement, les pertes d’emploi ont été considérables, aggravant la pauvreté et le dénuement de millions de personnes.

De nombreux emplois demeurent précaires. Dans la plupart des grandes économies, même dans celles où l’emploi a été préservé, le nombre total d’heures travaillées dans les secteurs des services en relation directe avec la clientèle demeure nettement en deçà du niveau d’avant la pandémie (graphique 1.5, partie B). Dans la plupart des économies, le nombre total d’heures travaillées dans ces secteurs représente entre 25 % et 30 % du nombre total d’heures travaillées dans l’ensemble de l’économie, et plus de 35 % en Italie et en Espagne. Aux États-Unis et au Canada, où l’amélioration d’ensemble de la situation du marché du travail et du nombre d’heures travaillées s’est poursuivie au premier trimestre 2021, le déficit d’heures travaillées n’a guère reculé dans les secteurs les plus durement touchés.

Néanmoins, malgré la persistance de mesures de freinage, de nouveaux débouchés professionnels ont commencé à apparaître dans la plupart des pays, comme en témoigne l’augmentation des offres d’emploi en ligne (graphique 1.6), même si cette progression reste inégale. La croissance de l’emploi est concentrée dans une large mesure dans les soins de santé et les métiers de la production, le nombre d’offres d’emploi publiées dans les autres secteurs de services demeurant inférieur à ce qu’il était juste avant la pandémie. Des enquêtes menées aux États-Unis montrent aussi des signes de pénurie de main-d’œuvre dans les petites entreprises, sous l’effet possible d’un recul du taux d’activité et de la fin de contrats de travail avec une bonne adéquation entre l’employeur et l’employé intervenus dans les premiers mois de la pandémie.

Les conditions financières ont évolué différemment suivant les catégories d’actifs et les grandes économies depuis la fin de l’année dernière (graphique 1.7). Les cours des actions se sont fortement appréciés dans la plupart des grandes économies avancées et économies de marché émergentes, sous l’impulsion d’une reprise qui, grâce aux campagnes de vaccination et à l’augmentation des aides publiques, a été plus rapide que prévu dans un certain nombre de pays. Une amélioration des perspectives économiques et des anticipations inflationnistes, en particulier aux États-Unis, ont entraîné dans les économies avancées une augmentation des rendements des obligations d’État à 10 ans, qui a été toutefois plus modeste dans la zone euro. Dans plusieurs grandes économies de marché émergentes, la baisse des cours des obligations d’État (qui évoluent en sens inverse de leur rendement) a été en outre due à un retournement de l’appétence à l’égard du risque au niveau mondial, ainsi qu’à des problèmes intérieurs liés à l’action publique et d’ordre économique, même si de nombreuses monnaies se sont appréciées par rapport au dollar des États-Unis (voir plus loin).

L’apparition de vaccins efficaces a amélioré les perspectives d’une reprise économique durable, à condition que ces vaccins puissent être déployés rapidement dans le monde entier et que la demande reste soutenue par des politiques budgétaires et monétaires expansionnistes. Une incertitude considérable continue néanmoins d’entourer aussi bien les évolutions à court terme, le nombre des contaminations restant élevé dans certains pays, que le rythme auquel les économies et les secteurs les plus durement touchés pourront se redresser. Il faudra du temps avant que la production puisse être portée à un niveau suffisant et que les vaccins soient distribués à tous ceux qui en ont besoin, et les mutations potentielles du virus résistant aux vaccins actuels restent une source de risques. Les campagnes de vaccination progressent à des rythmes différents dans le monde (graphique 1.8), après avoir souvent commencé plus lentement que prévu au départ, et l’ampleur de l’aide publique ainsi que la spécialisation sectorielle varient considérablement d’une économie à l’autre. Le maintien de certaines restrictions ciblées aux déplacements et à l’activité pourrait demeurer nécessaire pendant un certain temps, en particulier s’agissant des voyages internationaux. Cela va peser sur les perspectives d’une reprise complète dans tous les pays, même ceux où les campagnes de vaccination progressent rapidement ou dans lesquels l’incidence du virus est très faible.

Ces derniers mois, de nombreux pays ont annoncé de nouvelles mesures budgétaires ou prolongé les dispositifs d’aide d’urgence mis en place précédemment. En conséquence, l’ampleur du soutien budgétaire à l’activité de cette année est supérieure à ce qui semblait probable à la fin de l’année dernière, ce qui réduit le risque de coûts durables résultant d’une longue phase de reprise graduelle2. L’effet de ce soutien budgétaire accru dépendra en partie des mesures adoptées. Une augmentation de la consommation et de l’investissement publics se répercutera directement sur la demande finale, mais certains ménages pourraient épargner les aides au revenu supplémentaires ou les utiliser pour rembourser leurs dettes, en particulier tant que des mesures de freinage sont en place (voir plus loin).

Les mesures massives de relance budgétaire lancées aux États-Unis cette année vont contribuer à renforcer la reprise mondiale. Le plan de sauvetage américain de 1 900 milliards USD, en particulier, pourrait entraîner une augmentation de la production des États-Unis de 3 % à 4 % au cours de sa première année pleine de mise en œuvre (c’est-à-dire du 2e trimestre 2021 au 1e trimestre de 2022), et un accroissement de la production mondiale de l’ordre de 1 % (OCDE, 2021b). Toutes les économies bénéficient de l’affermissement de la demande des États-Unis, la production enregistrant une hausse comprise entre ½ et 1 % au Canada et au Mexique, qui sont tous deux de proches partenaires commerciaux des États-Unis et entre ¼ et ½ pour cent dans la zone euro, au Japon et en Chine.

L’effet global des principaux facteurs déterminant les projections diffère selon les économies :

  • Dans les économies avancées, on pose l’hypothèse que le déploiement progressif de vaccins efficaces sera achevé à l’automne 2021, et nettement plus tôt dans certains pays, ce qui permettra de lever les restrictions relatives aux activités nécessitant une grande proximité physique. De nouvelles mesures budgétaires soutiendront également la demande à court terme dans plusieurs pays, l’effet induit sur les dépenses par les aides au revenu des ménages se renforçant parallèlement à la reprise des activités économiques suspendues. La consolidation de la confiance, l’amélioration de la situation du marché du travail et la diminution des taux d’épargne des ménages devraient également contribuer à alimenter la croissance des dépenses en 2022, compensant la modération de l’aide budgétaire.

  • Les perspectives d’achèvement rapide des campagnes de vaccination sont limitées dans de nombreuses économies de marché émergentes, le Chili constituant une exception notable à cet égard. Les vagues pandémiques actuelles et futures dans certains pays devraient imposer le maintien de mesures de santé publique relativement strictes à court terme. Par ailleurs, les possibilités d’adopter des mesures complémentaires de soutien macroéconomique sont limitées dans de nombreux pays. Les exportateurs de produits de base devraient bénéficier de l’appréciation de leurs prix et du redressement des échanges mondiaux de marchandises, mais la reprise devrait être lente dans les économies tributaires du tourisme, et le renchérissement de l’énergie et des produits alimentaires aura un effet négatif sur les revenus réels des ménages.

Sur la base des hypothèses ci-dessus, la reprise mondiale devrait s’affermir peu à peu, particulièrement au deuxième semestre de cette année, puisque le PIB mondial devrait augmenter de 5 ¾ pour cent en 2021, puis avoisiner 4 ½ pour cent en 2022 (tableau 1.1 ; graphique 1.9). Le PIB de la zone OCDE devrait enregistrer une croissance de l’ordre de 5 ¼ pour cent en 2021 et de 3 ¾ pour cent en 2022. Dans certains pays, notamment en Chine, la production est déjà supérieure à son niveau pré-pandémie et, à la mi-2021, cela devrait également être le cas pour le PIB mondial et la production des États-Unis. D’autres pays se redressent plus lentement, notamment nombre d’économies européennes (graphique 1.9, partie C). L’hétérogénéité considérable des évolutions observées à court terme perdurera sans doute, aussi bien entre les économies avancées et les économies de marché émergentes qu’entre grandes régions du monde. Le risque que la pandémie ait des coûts durables demeure également élevé, puisque fin 2022, la production mondiale devrait être encore inférieure aux projections pré-pandémie (graphique 1.9, partie D). Tel est notamment le cas dans de nombreuses économies de marché émergentes, pour lesquelles le niveau médian de ce déficit de production à la fin de 2022 devrait être de l’ordre de 3 ½ pour cent, c’est-à-dire plus de deux fois plus important que pour l’économie avancée médiane.

Les perspectives et les évolutions à court terme diffèrent sensiblement entre économies pour les 18 prochains mois.

  • Aux États-Unis, la croissance du PIB devrait être proche de 7 % en 2021, avant de refluer aux alentours de 3 ½ pour cent en 2022. Les mesures de relance budgétaire ont un effet stimulant considérable sur la croissance et la confiance, et les indicateurs du marché du travail s’améliorent, grâce à la reprise progressive de l’activité économique et au stade relativement avancé des campagnes de vaccination. L’orientation accommodante de la politique monétaire devrait continuer de soutenir l’investissement, en particulier sur le marché du logement, et un retour progressif du taux d’épargne des ménages à son niveau normal d’avant la pandémie devrait soutenir la consommation privée tandis que les effets de l’aide budgétaire se dissiperont l’année prochaine. Le Plan pour l’emploi américain (« American Jobs Plan ») et le Plan pour les familles américaines (« American Families Plan ») ne sont pas pris en compte dans les projections, mais leur mise en œuvre renforcerait la croissance en 2022.

  • Au Japon, la reprise s’est essoufflée, avec un recul du PIB au premier trimestre 2021. La vigueur de la demande extérieure contribue à soutenir l’activité manufacturière, mais les mesures de santé publique freinent la consommation privée et la production du secteur des services. L’activité économique dans son ensemble devrait se redresser progressivement en 2021 et 2022 parallèlement à la montée en régime du déploiement des vaccins, et le PIB devrait augmenter de 2 ½ pour cent cette année et de 2 % en 2022. L’orientation de la politique budgétaire devrait se durcir cette année et en 2022, mais la vigueur de l’investissement public et de la demande extérieure contribuera à soutenir l’activité, de même que la baisse du taux d’épargne des ménages.

  • Dans la zone euro, la production a diminué au premier trimestre 2021, la consommation privée et l’activité dans le secteur des services ayant été bridées par des mesures de freinage strictes. Néanmoins, le dynamisme de la demande extérieure stimule l’activité manufacturière et les dispositifs de chômage partiel ont préservé l’emploi. L’activité devrait se renforcer jusqu’à fin 2021 parallèlement à l’accélération des campagnes de vaccination et à la levée progressive des restrictions, le PIB augmentant en moyenne d’à peine plus de 4 ¼ pour cent cette année et avoisinant 4 ½ pour cent en 2022. La politique budgétaire devrait être expansionniste cette année et légèrement restrictive en 2022, en supposant que les fonds versés au titre de l’initiative « Next Generation EU » contribueront à soutenir l’investissement pendant la période considérée et que certaines mesures liées à la crise seront progressivement levées à mesure que la reprise s’affermira. La politique monétaire accommodante devrait favoriser le redressement progressif de l’investissement des entreprises et la consommation privée devrait être renforcée par libération de la demande non satisfaite et le recul des taux d’épargne des ménages.

  • La Chine devrait continuer d’enregistrer une croissance robuste, le PIB augmentant d’environ 8 ½ pour cent cette année et de 5 ¾ pour cent en 2022. La croissance des exportations est vigoureuse, ce qui tire vers le haut l’excédent des paiements courants, et la politique monétaire reste accommodante, mais certaines mesures d’aide budgétaire vont sans doute être réduites cette année et la croissance du crédit ralentit peu à peu. Les progrès réalisés en termes de rééquilibrage de l’économie de la production industrielle et de l’investissement vers les services et la consommation privée ont été interrompus par la pandémie, mais devraient reprendre avec la montée en régime de la campagne de vaccination et l’amélioration de la confiance. Des risques financiers importants subsistent, liés en particulier au niveau élevé de la dette des entreprises.

  • En Inde, le rebond rapide de l’activité depuis la mi-2020 s’est interrompu, la résurgence de la pandémie et la réintroduction de mesures de freinage localisées accentuant l’incertitude et réduisant la mobilité. L’augmentation des prix des produits de base a également tiré l’inflation vers le haut, réduisant les revenus réels des ménages. La politique monétaire reste accommodante, les mesures de normalisation progressive prévues étant suspendues, mais les marges de manœuvre disponibles pour apporter un soutien budgétaire supplémentaire sont limitées. À condition que la pandémie puisse être endiguée rapidement, la croissance du PIB pourrait encore s’établir aux alentours de 11 % au cours de l’exercice budgétaire 2021-22 et de 6 % sur l’exercice 2022-23, la libération de la demande de consommation non satisfaite, les conditions financières porteuses et la croissance vigoureuse des marchés extérieurs contribuant à l’accélération de la reprise.

  • Au Brésil, la nouvelle vague de la pandémie, la réintroduction de restrictions de déplacement locales et la lenteur de la campagne vaccinale ont ralenti la reprise et sapé la confiance. Les taux d’intérêt directeurs ont commencé à augmenter en raison de la hausse de l’inflation, même si les taux d’intérêt réels restent bas. Les marges de manœuvre budgétaires sont limitées, mais les pouvoirs publics soutiennent les revenus dans une certaine mesure grâce au nouveau programme temporaire de prestations d’urgence. À condition que la pandémie puisse être maîtrisée et que la dynamique vaccinale s’accélère, le PIB devrait augmenter de 3 ¾ pour cent en 2021 et de 2 ½ pour cent en 2022. Le dynamisme de la demande extérieure contribue à alimenter la croissance des exportations, et la demande intérieure – en particulier la consommation des ménages – devrait se redresser progressivement à partir du second semestre 2021.

La situation du marché du travail devrait s’améliorer peu à peu. Dans les économies de l’OCDE, le taux de chômage, qui était juste inférieur à 6 ¾ pour cent au premier trimestre 2021, devrait baisser de 1 point environ sur la période de projections (graphique 1.10, partie A). Le taux de chômage n’en restera pas moins supérieur à son niveau d’avant la crise dans de nombreux pays, le sous-emploi persistant de la main-d’œuvre limitant la progression des salaires en 2021-22. La croissance de l’emploi devrait se redresser régulièrement, s’établissant aux alentours de 1 ¾ pour cent par an en 2021-22 dans les économies de l’OCDE. Aux États-Unis, les créations d’emploi devraient être vigoureuses cette année sous l’impulsion du Plan de sauvetage américain, l’emploi augmentant de plus de 3 ½ pour cent et le taux de chômage enregistrant une baisse de près de 1 ½ point en glissement annuel au premier trimestre 2022. On anticipe des améliorations plus modestes dans la zone euro et au Japon, où les mesures d’aide ont permis de préserver les emplois. Dans de nombreux pays, les entreprises disposent de marges de manœuvre considérables pour s’adapter à une amélioration de la demande en augmentant le nombre d’heures travaillées par salarié plutôt qu’en accroissant leurs effectifs.

À la fin de la période de projections, le taux d’emploi dans l’économie médiane de l’OCDE devrait, selon les projections, être encore inférieur à celui de fin 2019 (graphique 1.10, partie B), ces résultats étant variables suivant les pays. Le taux d’emploi devrait se redresser pleinement, en moyenne, dans les économies où son niveau était relativement élevé avant la crise. En revanche, il devrait rester largement en-deçà de son niveau pré-pandémie dans certains pays où il était auparavant relativement bas. Le taux d’activité restera aussi inférieur, fin 2022, à son niveau pré-pandémie dans de nombreux pays, dont les États-Unis. Si ces écarts peuvent en partie s’expliquer par la composition sectorielle des activités économiques, ils soulignent également la nécessité de mettre en œuvre des réformes plus poussées pour améliorer les dispositifs d’activation et renforcer la création d’emplois dans de nombreux pays.

Même si le rythme attendu de la reprise s’est amélioré par rapport à ce qui semblait probable il y a quelques mois, les projections tablant désormais sur une hausse des investissements des entreprises dans les économies de l’OCDE de 4 ¾ pour cent par an en moyenne en 2021-22, le risque de persistance des coûts induits par la pandémie demeure élevé dans de nombreux pays. La diminution de l’accumulation de capital, la baisse des taux d’emploi, le recul des taux d’activité, ainsi que les pertes de compétences et d’efficience des entreprises sont autant de facteurs qui ont contribué à la révision à la baisse des estimations, conventionnelles mais incertaines, de croissance de la production potentielle depuis le début de la pandémie. On observe une tendance similaire pour les révisions à la baisse du consensus des anticipations de la production à moyen terme (encadré 1.2).

Dans la plupart des économies avancées et économies de marché émergentes, l’inflation est repartie à la hausse depuis l’année dernière, conformément à l’augmentation des prix du pétrole et d’autres produits de base (graphique 1.12, partie A), même si elle reste en deçà de ses niveaux pré-pandémie. Des pénuries d’offre temporaires dans certains secteurs, notamment dans les semi-conducteurs et le transport maritime, et des signes de pénurie de main-d’œuvre dans certaines petites entreprises, alimentent également les tensions sur les coûts des facteurs, visibles dans les enquêtes auprès des entreprises (graphique 1.12, partie B ; encadré 1.3)3. Dans les économies de marché émergentes, la dépréciation des monnaies et les augmentations de la fiscalité indirecte et des prix réglementés de l’électricité n’ont fait qu’exacerber encore ces tensions sur les prix. En outre, l’embellie des perspectives de reprise mondiale soutenue a poussé vers le haut les anticipations d’inflation, en particulier sur les marchés financiers.

Les prix (notamment ceux de l’énergie et de l’alimentation) ont été instables en raison de facteurs spécifiquement liés à la crise et de difficultés à les mesurer, ce qui a compliqué l’identification des tensions sous-jacentes exercées. Une grande incertitude a régné sur les chiffres de l’inflation sous-jacente dans toutes les économies, car les mesures de freinage de la pandémie ont compliqué la collecte de données sur les prix de certains services et imposé aux instituts de statistique de les estimer par extrapolation. Cette situation a entraîné, dans certains cas, un biais à la hausse dans le calcul de l’inflation en 2020 (Bureau de statistiques sur l’emploi, 2020 ; Eurostat, 2020 ; O’Brien et al., 2021). En revanche, d’importants changements temporaires des habitudes de consommation, qui n’ont pas été pris en compte dans les coefficients de pondération retenus pour calculer l’indice des prix à la consommation (IPC), ont amenés à sous-estimer l’inflation. Cette situation pourrait s’inverser en 2021 et 2022 avec la reprise de l’activité, là où elle est aujourd’hui soumise à des restrictions4. Qui plus est, le décalage des soldes saisonnières et certaines variations temporaires des taux de TVA (comme en Allemagne et dans plusieurs autres pays de la zone euro) ont accentué la volatilité des prix5.

À court terme, le taux d’inflation à 12 mois devrait augmenter nettement du fait de la hausse passée des prix des produits de base, en particulier du pétrole, et des effets de certaines mesures ponctuelles liées à la crise (graphique 1.15). Ainsi, l’inflation risque de progresser temporairement lorsque dans certains secteurs durement touchés, le mouvement de repli des prix observé l’an passé s’inversera, une fois les restrictions assouplies6. Cela étant, des risques à la hausse existent. Plusieurs éventuels facteurs négatifs conjugués du côté de l’offre (augmentation des coûts d’exploitation due aux mesures de freinage de la pandémie, pénurie de composants essentiels comme les semi-conducteurs due à des ruptures dans les chaînes de valeur mondiales, volonté de rattraper des pertes de chiffre d’affaires passées ou encore affaiblissement de la concurrence dû à la multiplication du nombre de faillites, par exemple) pourraient également faire monter l’inflation davantage que prévu. De la même façon, si la consommation privée augmente plus vite que prévu dans nombre d’économies (en raison, par exemple, d’une consommation financée par l’épargne accumulée – voir plus bas, ou d’une relance budgétaire massive, notamment aux États-Unis), les tensions sur la demande qui en résultent, y compris sur les prix des produits de base qui devraient rester constants dans les projections (voir annexe 1.A.), pourraient porter l’inflation à des niveaux bien supérieurs aux anticipations. Dans les économies de marché émergentes, les risques à la hausse concernant l’inflation tiennent à de nouvelles dépréciations des taux de change et à un renchérissement des prix dans l’alimentation et l’énergie, qui pourraient entraîner un désancrage des anticipations d’inflation, en particulier dans les pays où la crédibilité de banque centrale est déjà affaiblie.

À plus long terme, l’évolution de l’inflation dépendra des mesures de politique monétaire et des facteurs structurels qui prévalaient avant la crise. Un niveau élevé ou une hausse de l’inflation sur une période durable est improbable si les banques centrales prennent les mesures nécessaires pour maintenir l’ancrage des anticipations d’inflation et si les changements structurels qui ont permis de contenir les tensions sur l’inflation globale dans les économies avancées durant les trois dernières décennies se poursuivent. Ces changements structurels concernent la production et la distribution de biens et de services, le modèle économique des entreprises et la structure de la demande (OCDE, 2020c). Une grande incertitude entoure leur évolution future. En l’absence de mesures protectionnistes ou d’un vaste mouvement de relocalisation de la production manufacturière, motivé par des considérations stratégiques, les mécanismes de la mondialisation continueront probablement de contenir les tensions à la hausse sur les prix dans les économies avancées. L’expérience du COVID-19 pourrait cependant favoriser les relocalisations, dans une certaine mesure.

Le commerce mondial devrait se consolider en 2021, malgré la faiblesse persistante des échanges de services. Tant que la pandémie nécessitera des restrictions sanitaires et pèsera sur la confiance des voyageurs, les échanges mondiaux de services resteront faibles. Cela étant, les échanges de biens devraient se redresser de manière constante. Dans l’ensemble, les échanges mondiaux en volume devraient augmenter de près de 8 ¼ pour cent en 2021, après un repli de 8 ½ pour cent en 2020, et d’à peine moins de 6 % en 2022 (graphique 1.16, partie A). La forte expansion de la demande de biens durables, alliée à des goulets d’étranglement dans l’offre de transports internationaux, a provoqué une augmentation des coûts du fret maritime depuis juin 2020 (encadré 1.3). Ces tensions sur les coûts devraient se dissiper vers la fin 2021, lorsque la demande et l’offre se normaliseront grâce au déploiement généralisé de la vaccination. La demande de biens durables est sans doute appelée à marquer le pas une fois que les restrictions de déplacement auront été assouplies et que les modes de consommation se reporteront à nouveau sur les services. Les goulets d’étranglement dans les ports et les terminaux devraient également être résorbés une fois levées les restrictions sanitaires.

Les soldes des paiements courants au niveau mondial devraient augmenter légèrement pendant la période considérée, mais demeurer modestes par rapport aux niveaux mesurés dans le passé (graphique 1.16, partie B). La forte stimulation de la demande intérieure attendue cette année aux États-Unis devrait creuser le déficit des paiements courants, qui passerait d’à peine plus de 3 % du PIB en 2020 à environ 4 % du PIB en 2022. Le renchérissement des produits de base pourrait également conforter la position extérieure de nombreux pays producteurs, en particulier si les surcroîts de recettes d’exportations ainsi générés ne sont dépensés que lentement en importations. L’épargne nationale devrait demeurer à un taux élevé dans de nombreux pays d’Europe et d’Asie affichant depuis longtemps un excédent extérieur, l’excédent des paiements courants en Chine devant passer de 2 % du PIB en 2020 à 2 ¾ pour cent du PIB en 2022.

D’importants risques à la hausse ou la baisse par rapport aux projections ont été mis en évidence plus haut. Parmi les incertitudes majeures figurent les perspectives épidémiologiques et le rythme des campagnes de vaccination ; le niveau de retour à la normale des taux d’épargne des ménages et de dépense de l’épargne « excédentaire » accumulée en 2020 ; la santé des entreprises après le recul des aides publiques ; et les vulnérabilités qui persistent dans beaucoup d’économies de marché émergentes et de pays en développement. Outre ces risques, analysés plus loin, d’autres problèmes qui se posent depuis longtemps pourraient avoir un impact sur les perspectives, comme les conséquences potentielles de prises de risque excessives et de l’accumulation de la dette privée en cas de survenue de chocs défavorables, ainsi que le degré d’adaptation future des entreprises britanniques et européennes aux évolutions induites par l’accord de libre-échange conclu entre l’Union européenne et le Royaume-Uni fin 2020.

Les projections du scénario de référence sont conditionnées par l’évolution de la pandémie, la dynamique vaccinale dans le monde et l’impact économique, sur la durée, de la réouverture progressive des économies. La répartition des risques qui les entourent s’est rééquilibrée ces derniers mois après la mise au point rapide et le déploiement en cours des vaccins, mais reste très incertaine.

  • Dans le scénario favorable, l’accélération du déploiement de vaccins efficaces dans le monde entier et des efforts plus fructueux visant à éradiquer le virus avant la fin des campagnes de vaccination accélèreraient le rythme de l’assouplissement des mesures de freinage et stimuleraient plus fortement la confiance et les dépenses des consommateurs et des entreprises. Dans ce scénario, à partir du deuxième semestre 2021, les taux d’épargne des ménages dans une économie avancée type reculeraient de plus de 2 points et la production mondiale pourrait se rapprocher de la trajectoire prévue avant la pandémie (graphique 1.17, partie A). La croissance du PIB mondial pourrait sensiblement progresser pour s’établir respectivement à environ 6 ½ pour cent et entre 5 ¾ et 6 pour cent en 2021 et en 2022.

  • Dans le scénario défavorable, le risque principal tient au fait que la production et le déploiement des vaccins ne seront pas assez rapides pour stopper la propagation du virus ou empêcher l’apparition de variants préoccupants, car plus contagieux, nécessitant la mise au point de nouveaux vaccins ou une modification de ceux existants. Dans ce cas, la confiance et les dépenses du secteur privé seraient inférieures au niveau du scénario de référence, s’accompagnant d’une destruction partielle de capital. Il faudrait sans doute durcir de nouveau les mesures de freinage au deuxième semestre 2021 et sur les marchés financiers, les prix pourraient subir une correction importante reflétant une plus grande aversion pour le risque (OCDE, 2020d), faisant baisser les prix des actions et des produits de base et augmentant les primes de risque pour les économies de marché émergentes. Dans un tel scénario, la production resterait inférieure à sa trajectoire pré-crise pendant une période prolongée, accentuant le risque de coûts induits par la pandémie (graphique 1.17, partie A). La croissance du PIB mondial pourrait être amputée de près de ¾ de point en 2021 et 1½ point en 2022, pour s’établir respectivement à 5 % et 3 %.

  • Fin 2022, le revenu mondial réel dans le scénario défavorable serait inférieur d’environ 5 000 milliards à ce qu’il serait dans le scénario favorable, ce qui fait apparaître très clairement le coût considérable résultant d’une campagne de vaccination qui ne serait pas déployée rapidement et intégralement dans le monde entier.

Les effets de ces chocs peuvent être variables selon les pays et les régions (graphique 1.17, partie B). Plus précisément, l’impact direct sur la demande intérieure pourrait être moindre dans les pays d’Asie-Pacifique, tels que l’Australie, la Chine, la Nouvelle-Zélande et certaines autres petites économies asiatiques, dont le taux de contamination national au COVID-19 est resté très bas et qui ont maintenu en place un strict control de leurs frontières. Cela étant, ces pays restent exposés aux fluctuations de la demande mondiale et de la confiance des marchés financiers et bénéficieront de l’éventualité d’une réouverture plus rapide des frontières aux déplacements internationaux7. Une deuxième différence qui pourrait exister est celle qui sépare les économies avancées des économies de marché émergentes. Dans le scénario favorable, la marge de libération de l’épargne accumulée par les ménages est relativement élevée dans de nombreuses économies avancées, en particulier aux États-Unis (voir plus loin). Dans le scénario défavorable, les effets d’un déploiement des vaccins plus lent que prévu et le risque de corrections de prix sur les marchés financiers sont particulièrement préoccupants dans les économies de marchés émergentes et en développement où les campagnes de vaccination n’ont pas beaucoup progressé, notamment en Amérique latine.

Les paramètres de politiques publiques ont également une incidence sur l’impact des chocs dans les deux scénarios. Le scénario favorable se fonde sur l’hypothèse que les taux d’intérêt directeurs resteront à leurs niveaux de base et que les mesures discrétionnaires de soutien budgétaire ne seront pas levées au-delà de ce que prévoit le scénario de référence, même si les stabilisateurs automatiques sont autorisés à jouer pleinement dans tous les pays. La vigueur de la croissance contribue à alléger le poids de la dette, entraînant un recul d’environ 5 points fin 2022 du ratio dette publique/PIB de l’économie médiane avancée. Les chocs défavorables sont amortis par les politiques macroéconomiques. Les stabilisateurs automatiques sont autorisés à jouer pleinement dans tous les pays et les taux d’intérêt directeurs à baisser dans nombre d’entre eux, mais buttent, dans cette hypothèse, sur les taux d’intérêt nuls, les taux directeurs déjà négatifs restant alors inchangés. Cette évolution a une incidence sur l’impact des chocs dans les différents pays, les taux d’intérêt à long terme baissant dans un grand nombre d’économies émergentes (en dépit d’une hausse des primes de risque), mais augmentant dans de nombreuses économies avancées où les taux d’intérêt nominaux restent inchangés et où l’inflation régresse.

La fort rebond de la consommation privée prévue en 2021, qui s’explique en partie par un rattrapage de la demande non satisfaite de l’année dernière, et la croissance soutenue de la consommation en 2022, reposent sur des projections de croissance solide du revenu disponible et, dans de nombreux pas, sur un retour à la normale des taux d’épargne à leurs niveaux d’avant la crise (graphique 1.18, partie A). Dans les pays de l’OCDE considérés dans leur ensemble, la consommation privée devrait progresser d’environ 5 ½ pour cent cette année, et de 4 ¾ pour cent en 2022. Ces projections d’une augmentation de la consommation à court terme sont cohérentes avec certaines données d’enquêtes confirmant une hausse des intentions de consommation des ménages (graphique 1.19) et une amélioration de la confiance des consommateurs. Ainsi, au Canada, la croissance des dépenses devrait dépasser la croissance des revenus au cours des 12 prochains mois à tous les niveaux de revenu, l’écart entre dépenses et revenu étant plus large que celui généralement observé avant la pandémie. Dans la zone euro, les intentions d’effectuer de gros achats ont augmenté ces derniers mois, mais elles demeurent, sauf pour les 25 % de ménages les plus aisés, inférieures aux niveaux pré-pandémie. Les intentions d’épargne sur les douze prochains moins demeurent quant à elles supérieures à celles d’avant la pandémie, tous niveaux de revenu confondus.

L’accumulation d’un excès d’épargne en 2020 entraîne un risque de révision à la hausse de la croissance mondiale par rapport aux projections. Le revenu disponible des ménages a moins diminué que le PIB en 2020, et a même augmenté dans certains pays du fait des mesures de soutien extraordinaires mises en place par les pouvoirs publics, tandis que la consommation de certains services était soumise à des restrictions8. En conséquence, les taux d’épargne des ménages ont atteint des niveaux record dans la majorité des pays de l’OCDE (graphique 1.18, partie A) et les ménages ont accumulé d’importants dépôts bancaires, largement supérieurs aux montants habituellement observés (graphique 1.18, partie B)9. L’emploi d’un dixième seulement de cet « excès » d’épargne pour financer des dépenses supplémentaires de consommation privée en 2021 suffirait pour doper la croissance du PIB de cette année dans une proportion comprise entre ⅓ et ¾ point dans les économies du G7 et dans toute la zone euro.

Cependant, il existe plusieurs raisons pour lesquelles l’accumulation d’actifs financiers par les ménages, l’an dernier, pourrait n’avoir qu’un effet limité sur la consommation privée (conformément à l’hypothèse retenue dans les projections examinées plus haut). La propension globale à consommer en puisant dans son patrimoine, qui inclut les dépôts bancaires, n’est pas très forte. Elle a même tendance à être encore plus faible chez les plus aisés et les hauts revenus (Armpudia et al., 2020 ; Fisher et al., 2020), qui sont largement à l’origine de l’excès d’épargne observé en 2020. Aux États-Unis, ce sont les personnes à haut revenu, possédant du patrimoine et plus âgées, qui ont le plus accru leurs dépôts bancaires, même si des ménages se situant au milieu et en bas de la distribution des revenus et de patrimoine ont également augmenté leurs avoirs bancaires (graphique 1.20)10. On observe le même schéma dans les grandes économies européennes11. Les ménages à haut revenu et aisés sont plus susceptibles d’utiliser leurs avoirs accumulés pour investir dans des obligations, des actions ou de l’immobilier, plutôt que de les dépenser en biens de consommation et services, en particulier si l’augmentation des dépôts a résulté de cessions d’actifs durant la pandémie. Si cela devait se concrétiser à grande échelle, les prix des actifs seraient susceptibles d’augmenter plus rapidement que la consommation. S’agissant de nombreux services, notamment les voyages, les bars et restaurants, le tourisme et les spectacles, les possibilités de rattraper la consommation perdue sur une période donnée sont réduites, même si les ménages sont en mesure d’acheter des services de meilleure qualité. Par conséquent, il est peu probable qu’une croissance solide de la demande soit soutenue pendant longtemps. Sans compter que les hauts revenus, dont la consommation a fortement diminué pendant la majeure partie de 2020, pourraient consommer ces services seulement grâce à leur revenu futur. Enfin, certains ménages pourraient choisir de rembourser leur dette en puisant dans leur épargne accumulée, plutôt que d’augmenter leur consommation.

Le choc du COVID-19 a eu un impact négatif sur la rentabilité des entreprises et leur endettement. Une première analyse, fondée sur un large échantillon d’entreprises non financières des pays membres de l’OCDE et de grandes économies de marché émergentes non membres, indique que le chiffre d’affaires et le bénéfice ont reculé de 2 % pour l’entreprise médiane, que le niveau de sa dette et ses ratios d’endettement ont augmenté et que son ratio de couverture des intérêts (RCI), un indicateur de solvabilité déterminant, a également diminué d’environ 2 % (graphique 1.21, partie A)12. En revanche, les taux d’intérêt (effectifs) payés par les entreprises sur leur dette ont diminué et les échéances ont été légèrement allongées, laissant penser que les mesures de soutien monétaires et prudentielles ont maintenu les coûts du service de la dette à un niveau bas et stable, tout du moins pour les entreprises de taille relativement importante. Une nette augmentation des actifs à court terme a également été observée, d’une ampleur proche de l’accroissement de la dette. Il semblerait donc qu’une part non négligeable des fonds levés par les entreprises soient actuellement inscrits à leur bilan sous forme d’investissements à court terme liquides (dépôts à vue ou équivalent).

Ce tableau général masque d’importantes disparités entre les secteurs d’activité et les types d’entreprises. Les chiffres d’affaires et bénéfices des entreprises du secteur de l’énergie ont nettement chuté, en raison du repli des prix du pétrole durant la majeure partie de 2020, ainsi que dans les services de consommation ne se prêtant pas à la distanciation physique comme l’hôtellerie et la restauration, les casinos et salles de jeux et les croisières (graphique 1.22)13. Dans ces secteurs, l’entreprise médiane a perdu jusqu’à 30 % de son chiffre d’affaires et 50 % de son bénéfice (EBITDA), par rapport à l’exercice 2019. Le choc sur les chiffres d’affaires s’est également fait lourdement sentir dans les secteurs des transports et secteurs des transports et de l’automobile. En conséquence, la variation des bénéfices, des ratios d’endettement et de la solvabilité des entreprises de ces secteurs a été nettement plus spectaculaire que pour l’entreprise médiane de l’économie (graphique 1.21, partie B). En revanche, les entreprises des secteurs des logiciels, des produits pharmaceutiques, de la santé ou du commerce de détail se sont considérablement développées pendant l’exercice 2020, en termes de chiffre d’affaires ou de bénéfices. Les résultats des entreprises varient également en fonction de leur taille, les premiers éléments semblant indiquer que les plus petites ont davantage souffert que les plus grandes (voir plus loin).

Les tensions financières ont pour l’instant été contenues. L’asymétrie du choc subi selon les secteurs, conjuguée à la capacité des entreprises à lever rapidement des liquidités, a permis de contenir le niveau des tensions financières exercées sur le secteur des entreprises. En dépit de la puissance du choc induit par le COVID-19, le nombre d’entreprises « en difficulté » – mesuré par la proportion d’entreprises de l’échantillon ayant soit des fonds propres négatifs, soit un RCI inférieur à 1 – a été stable14. Ce constat est conforme au ralentissement général du nombre de faillites observées dans les pays de l’OCDE parmi les grandes et les petites entreprises, qui s’explique par des mesures de soutien public comme les prêts, garanties et reports d’impôts, et par des modifications temporaires des régimes d’insolvabilité (Djankov et Zhang, 2021)15. À ce jour, le nombre de faillites est resté inférieur à celui de la crise financière mondiale (graphique 1.23), et il a même été inférieur aux niveaux mesurés avant la crise du COVID-19 dans certaines économies avancées.

Il est encore trop tôt pour dire si ce tableau, relativement favorable, perdurera. Actuellement, les entreprises de l’échantillon pour lesquelles on dispose d’informations financières actualisées sont plutôt des entreprises moyennes ou grandes, dotées d’importants volants de sécurité et d’un accès stable au crédit16. Le tableau ne sera complet que lorsqu’un plus grand nombre d’entreprises, notamment parmi les plus petites et les plus fragiles, auront produit leurs états financiers. D’autres difficultés de taille, concernant la viabilité de la dette, le surendettement et la « zombification » de l’économie, pourraient également se profiler à plus long terme (encadré 1.4). Cela étant, cet état d’« hibernation » constitue déjà en soi un contraste flagrant avec la situation prévalant lors des épisodes de crise précédents et donne une idée de l’efficacité des aides publiques lorsqu’il s’agit d’éviter des tensions financières excessives à court terme sur les entreprises (Cros et al., 2021). Bien qu’il faille encore clarifier les canaux par lesquels les interventions des pouvoirs publics ont, in fine, soutenu le secteur des entreprises non financières, il semble qu’il existe une corrélation négative entre l’ampleur estimée des mesures de soutien budgétaire et l’accroissement du nombre d’entreprises en difficulté au niveau des pays17.

Une incertitude considérable entoure la situation des petites et moyennes entreprises (PME), qui représentent l’essentiel de l’emploi dans les pays de l’OCDE et sont surreprésentées dans les secteurs d’activité à forte intensité de contacts interpersonnels. Selon les premiers éléments d’information, les PME ont été plus touchées par les effets du COVID-19 que les autres entreprises (Chetty et al., 2020) et les aides publiques ont joué un rôle crucial pour les maintenir à flot (OCDE, 2020e ; Gourinchas et al., 2020). Cela étant, il existe peu d’éléments sur leur situation financière réelle. La plupart des analyses sur les PME s’en remettent actuellement à des simulations et concluent à des problèmes de liquidité et de solvabilité plus intenses dans les petites entreprises que dans les grandes, ainsi qu’à des situations d’insolvabilité à court terme potentiellement nombreuses (Diez et al., 2021).

L’augmentation du nombre de contaminations au COVID-19, le rythme lent et inégal de la vaccination et la prolongation ou le renforcement des mesures de confinement qui s’ensuivent ont tous pesé sur l’activité économique de nombreuses économies de marché émergentes et aggravé les vulnérabilités préexistantes. Même si les tensions sur les marchés financiers sont aujourd’hui plus légères qu’il y a un an dans la majorité de ces économies et si les flux de capitaux ont en grande partie retrouvé leurs niveaux d’avant la crise, un certain nombre de risques intérieurs et extérieurs subsistent.

Déficit et dette publics se sont nettement creusés dans de nombreuses économies de marché émergentes en 2020, en raison principalement de la baisse des recettes fiscales. Malgré cette dégradation budgétaire, les grandes économies de marché émergentes sont parvenues à émettre plus de 3 400 milliards USD de dette en 2020, et leurs notes de crédit sont restées stables à quelques exceptions près (OCDE, 2021c)19. Les économies de marché émergentes asiatiques, en particulier la Chine, l’Inde et l’Indonésie, ont représenté environ la moitié des émissions totales de titres de dette souveraine en 2020, à la faveur de leur reprise économique et de la plus grande solidité de leurs fondamentaux. Les pays à revenu faible et moyen inférieur ont cependant continué de faire face à des problèmes de financement, ce qui a conduit à la prolongation jusqu’à la fin 2021 de l’Initiative de suspension du service de la dette lancée par le G20 pour remédier aux problèmes d’endettement des économies vulnérables. Dans plusieurs économies de marché émergentes, l’endettement des entreprises a lui aussi fortement augmenté, notamment en Chine, où il a dépassé les 160 % du PIB en 2020.

La dégradation de leur situation budgétaire expose les économies émergentes au risque d’une montée des coûts d’emprunt, au durcissement des conditions de crédit qui lui est associé et à la dépréciation de leurs taux de change. Ces risques sont cependant variables d’un pays à l’autre. Au Brésil, la nécessité de maintenir le soutien aux secteurs fortement touchés par la crise malgré une marge de manœuvre budgétaire limitée pourrait accroître la volatilité sur les marchés financiers. En Afrique du Sud, l’exposition accrue du système bancaire national à la dette publique pourrait réduire l’offre de crédit aux entreprises et aux ménages, et nuire ainsi à l’investissement privé. Les effets négatifs sur les conditions de crédit et la stabilité financière pourraient être amplifiés par l’augmentation de l’encours des prêts non performants après l’arrêt de l’assouplissement temporaire des réglementations prudentielles (en Inde et au Mexique, par exemple). En Argentine et en Turquie, un affaiblissement supplémentaire des cadres macroéconomiques et institutionnels pourrait renforcer les tensions sur les marchés financiers20.

Les économies de marché émergentes restent exposées à des chocs mondiaux. Les anticipations d’une accélération de la croissance et de l’inflation en cas de concrétisation des risques à la hausse aux États-Unis pourraient se traduire par une augmentation des rendements des obligations américaines, déclenchant des sorties de capitaux dans les économies de marché émergentes et accroissant la volatilité des changes, ainsi que cela avait été le cas lors d’épisodes passés comme celui des turbulences provoquées sur les marchés par la sortie progressive de l'assouplissement quantitatif aux États-Unis (« taper tantrum ») en 2013. La hausse rapide de la dette souveraine en Afrique du Sud et au Brésil, et le fait qu’une grande partie de la dette publique et privée soit détenue par des investisseurs étrangers en Indonésie, rendent certains secteurs de ces économies vulnérables à de telles inversions des flux de capitaux. Cependant, la part de la dette souveraine émise en monnaie locale par rapport à la dette souveraine totale s’est généralement accrue durant la dernière décennie dans de nombreuses économies de marché émergentes, réduisant leurs expositions au risque de change21. Les investisseurs étrangers étant néanmoins très présents sur ces marchés obligataires, les pays émergents sont sensibles aux fluctuations de l’appétit mondial pour le risque, comme cela a été observé lors du pic de la crise du COVID-19 (graphique 1.27, partie A ; Borri, 2018 ; Bertaut et al., 2021). Dans des pays comme l’Inde, où le déficit des paiements courants en proportion du PIB a diminué, et où la dette extérieure est faible et les réserves de change sont élevées, de futures sorties de capitaux devraient avoir moins d’effets négatifs qu’au cours du « taper tantrum » (graphique 1.26, partie B)22. La solidité des cadres de politique monétaire, la flexibilité des régimes de change et l’accès à des volants de liquidité offerts par des institutions financières internationales continuent aussi de réduire la vulnérabilité des économies de marché émergentes aux chocs financiers externes23. Dans ce contexte, l’octroi de 650 milliards USD de droits de tirage spéciaux proposé par le FMI soutiendrait le filet de sécurité mondial et aiderait les pays dont les besoins de financement extérieur sont élevés.

Si une hausse ultérieure des taux d’intérêt américains s’accompagne d’une croissance économique plus vigoureuse aux États-Unis et dans d’autres grandes économies, toute retombée négative sur les marchés financiers pourrait être neutralisée, au moins en partie, par une augmentation de la demande commerciale mondiale. Le Mexique ainsi que d’autres économies d’Amérique latine bénéficieraient particulièrement d’une croissance de la demande des importations aux États-Unis, avec lesquels ils entretiennent des relations commerciales étroites (graphique 1.26, partie C). Par ailleurs, la Colombie, le Costa Rica, la Turquie et d’autres économies de marché émergentes très dépendantes du tourisme et des exportations de services profiteraient d’une réouverture précoce des frontières permise par une amélioration de la couverture vaccinale. Une hausse des prix des produits de base associée au raffermissement de la croissance mondiale, tirée notamment par la Chine, exercerait des tensions sur les soldes extérieurs des importateurs nets de ces produits tels que l’Inde et la Turquie, mais produirait l’effet inverse sur les exportateurs nets, tels que l’Afrique du Sud, le Brésil, le Chili et la Russie.

La priorité de l’action publique est de veiller à ce que toutes les ressources nécessaires soient mobilisées pour fabriquer des vaccins et les déployer complètement, le plus tôt possible, dans le monde entier, afin de sauver des vies, de préserver les revenus et de limiter l’impact négatif des mesures de freinage de la pandémie sur le bien-être des populations. Une coordination internationale de l’action publique est indispensable pour accroître les bénéfices des politiques nationales de lutte contre la pandémie, renforcer la résilience et assurer une reprise robuste et inclusive.

Les mesures de soutien budgétaire et monétaire devraient être maintenues tant que le marché du travail est en situation de sous-emploi et que les signes de tensions durables sur les prix restent limités. Il convient d’éviter un retrait abrupt et prématuré de cette aide tant que les économies demeurent fragiles et que la croissance reste bridée par des mesures de freinage et par la rythme de la vaccination. Une telle articulation des mesures budgétaires et monétaires maximisera l’efficacité conjointe des politiques et minimisera les risques de séquelles durables, soutenant ainsi la viabilité de la dette publique. Dans les économies où un certain dépassement de l’objectif d’inflation est possible, il est plus facile de maintenir sur la durée une politique monétaire accommodante, avec des effets bénéfiques pour la politique budgétaire. Le soutien public aux personnes et aux entreprises devrait être poursuivi, en ciblant toutefois de plus en plus les secteurs encore affectés par les mesures de freinage. Les plans de relance devraient aussi privilégier de nouvelles mesures, réglementaires et budgétaires, qui soutiennent la demande, améliorent les perspectives de transformation numérique de l’économie et contribuent à la lutte contre le changement climatique.

Un renforcement des réformes structurelles est nécessaire dans tous les pays en vue d’élargir les perspectives, d’améliorer le dynamisme économique et d’encourager une reprise solide, durable et inclusive. Les mesures mises en application pour stimuler la reprise après la crise du COVID-19 offrent une occasion de remédier à des défis anciens et nouveaux, pour autant que les initiatives de relance économique et les plans de redressement se concentrent sur le rétablissement de la croissance, le développement de la résilience et de la durabilité, et le soutien aux individus (OCDE, 2021d).

La première des priorités, d’un point de vue à la fois épidémiologique et économique, est de faire en sorte que les vaccins soient fabriqués et déployés aussi vite que possible dans le monde entier. Toutes les mesures nécessaires doivent être prises pour accroître les moyens d’accélérer la vaccination et de garantir que l’ensemble des stocks disponibles soient utilisés. L’échec d’une éradication du virus à l’échelle planétaire fait courir le risque que des mutations nouvelles et plus dangereuses apparaissent, nécessitant le maintien de certaines restrictions à la mobilité. Des progrès importants, quoiqu’inégaux, ont été accomplis en matière de vaccination dans les économies avancées, et l’immunité collective semble pouvoir être atteinte avant la fin de l’année dans ces pays.

Les initiatives des pouvoirs publics à l’échelle nationale doivent s’accompagner d’un plus grand effort de coopération et de financement au niveau mondial, des vaccins abordables devant être rapidement disponibles dans le monde entier. Les ressources nécessaires à l’approvisionnement des pays à faible revenu en vaccins et en équipements sanitaires connexes sont modestes en comparaison des bienfaits d’une reprise économique mondiale plus robuste et plus rapide. Actuellement, l’offre de vaccins à destination des pays les plus pauvres, tout comme les fonds engagés dans le cadre de l’initiative COVAX, restent bien inférieurs aux niveaux qui permettraient de vacciner tous ceux qui doivent l’être. L’annonce par de nombreux pays à haut revenu de leur intention de distribuer leurs stocks excédentaires aux économies à faible revenu est bienvenue, mais le rythme de cette distribution est incertain. Il convient d’éviter une fermeture des frontières visant à limiter l’exportation de vaccins finis et des matières premières entrant dans leur fabrication, qui serait contre-productive au vu des interdépendances étroites caractérisant les chaînes d’approvisionnement de vaccins (OCDE, 2021e).

Les gouvernements devront aussi conserver des ressources suffisantes pour assurer de manière efficace le dépistage, le traçage et l’isolement des malades et limiter l’ampleur de nouvelles vagues épidémiques, comme y sont parvenus plusieurs pays nordiques et d’Asie-Pacifique. De telles actions permettraient de prendre rapidement des mesures locales ciblées visant à parer à toute nouvelle reprise de l’épidémie jusqu’au terme des campagnes de vaccination, ce qui réduirait les coûts économiques et sociaux.

La politique monétaire demeure très accommodante dans les économies avancées. Les taux directeurs sont restés inchangés et devraient, selon le guidage prospectif, être maintenus à leurs faibles niveaux actuels pendant une très longue période. Néanmoins, le marché anticipe aujourd’hui une première hausse des taux directeurs américains plus tôt qu’il ne le prévoyait fin 2020, et les rendements obligataires à long terme ont augmenté depuis lors (graphique 1.7, partie B). Les banques centrales ont poursuivi leurs achats d’actifs. La BCE a augmenté l’enveloppe de son programme d’achats d’urgence face à la pandémie en décembre 2020. Les banques centrales ont acheté principalement des obligations souveraines mais elles ont également accru leurs détentions d’actifs privés, leurs portefeuilles comprenant notamment des obligations d’entreprises et des obligations sécurisées ainsi que des actions (graphique 1.27, partie A). Du fait de leurs achats d’emprunts souverains réalisés avant et pendant la crise, plusieurs banques centrales détiennent à présent 30 à 50 % de l’encours total des titres d’État (graphique 1.27, partie B).

Les facilités de prêt et de liquidité d’urgence spécialement mises en place face à la crise du COVID-19 ont été ajustées en fonction de l’évolution des conditions de marché, qui diffèrent à travers les grandes économies.

  • Aux États-Unis, la plupart de ces instruments ont été supprimés, leur utilisation ayant diminué à la faveur de l’amélioration des conditions de marché. La Réserve fédérale a par ailleurs normalisé ses opérations de refinancement après avoir régulièrement constaté le bon fonctionnement des marchés de financement américains à court terme. Son utilisation des lignes de swaps internationales entre banques centrales a fortement baissé, même si les prêts n’ont pas encore renoué avec leurs niveaux d’avant la crise.

  • Dans la zone euro et au Japon en revanche, certaines facilités d’urgence ont été reconduites et renforcées. En décembre 2020, la BCE a appliqué des conditions plus favorables aux opérations ciblées de refinancement de long terme (TLTRO) III, reconduit ses mesures d’assouplissement des garanties et proposé quatre opérations supplémentaires de refinancement à plus long terme non ciblées d’urgence face à la pandémie (PELTRO) en 2021. De la même manière, la Banque du Japon a prolongé la durée de ses opérations spéciales de refinancement jusqu’à la fin septembre 2021 afin de faciliter les financements en réponse à la crise du COVID-19.

Il convient de maintenir les politiques monétaires accommodantes dans les grandes économies avancées, comme cela est actuellement prévu, pour aider à préserver des conditions financières favorables, en particulier des taux d’intérêt à long terme bas. Les autorités monétaires devraient ignorer les chocs temporaires de prix relatifs. La normalisation de la politique monétaire devrait être fonction de la situation, et guidée par une amélioration régulière des marchés du travail, par des signes de tensions inflationnistes durables et par l’évolution de l’orientation de la politique budgétaire. Poursuivre plus longtemps une politique monétaire accommodante sera plus facile pour les banques centrales qui ont déjà annoncé qu’elles viseraient un certain dépassement de leur objectif d’inflation, comme la Banque du Japon et la Réserve fédérale des États-Unis. Si les marchés jugent ce type d’annonce crédible, l’augmentation des rendements obligataires à long terme devrait être plus limitée, sur fond d’amélioration des perspectives économiques et d’inflation. Le pilotage des taux longs, et donc des conditions financières globales, pourrait toutefois s’avérer difficile dans les pays n’assurant pas un contrôle crédible de la courbe des rendements, notamment dans un contexte de divergence des politiques et des situations en matière de dette publique.

Une fois la reprise engagée, les volants de fonds propres et de liquidité des banques devront être progressivement reconstitués, et l’assouplissement efficace de la réglementation prudentielle décidé au début de la crise devra être peu à peu inversé. Comme l’a clairement montré la crise du COVID-19, la solidité du système financier est essentielle à la transmission efficace de la politique monétaire et à la résilience économique durant les récessions. La crise ne devrait pas être prise comme prétexte pour revenir sur les réformes réglementaires et compromettre les normes communes internationales et l’équité des conditions de concurrence internationales (Conseil de stabilité financière, 2020). Le niveau élevé de prêts non performants pourrait encore créer des difficultés pour les banques et les autorités réglementaires lorsque les garanties publiques expireront et si la reprise est plus lente que prévu. Il conviendra alors d’effectuer un contrôle prudentiel strict afin de détecter correctement les prêts non performants, de mettre en œuvre des procédures d’insolvabilité efficaces et rapides, voire d’établir des marchés dédiés à la dette en souffrance et des structures de défaisance (Kasinger et al., 2021).

Les politiques monétaires des grandes économies de marché émergentes ont commencé à diverger, témoignant des choix difficiles qui attendent certaines d’entre elles. Dans les pays où les anticipations d’inflation sont bien ancrées et dont les cadres de politique macroéconomique sont solides, la politique monétaire est restée accommodante voire, dans certains cas, a été encore assouplie (graphique 1.28). Ces économies conservent une marge de manœuvre pour abaisser davantage leurs taux d’intérêt, notamment lorsque le soutien budgétaire est limité, à condition que les effets de la hausse des prix des produits de base sur l’inflation puissent être contenus et que les taux de change demeurent stables. En revanche, les poussées d’inflation sous-jacente liées aux dépréciations des monnaies locales au Brésil et en Turquie, entre autres, ont conduit à un resserrement de la politique monétaire, et d’autres relèvements des taux d’intérêt pourraient être nécessaires (graphique 1.28). À la lumière des expériences positives, l’année dernière, au Chili, en Colombie, en Indonésie et en Pologne, les banques centrales crédibles pourraient atténuer les retombées négatives de l’évolution de l’appétit mondial pour le risque sur les conditions financières locales en achetant des obligations souveraines en monnaie locale. Ce type d’achats a contribué à détendre les conditions financières locales et orienté la détermination des prix au cours des épisodes d’aversion pour le risque du premier semestre 2020, sans porter préjudice aux monnaies locales (Hartley et Rebucci, 2020 ; FMI, 2020 ; Mimir et Sunel, 2021).

La plupart des économies avancées ont judicieusement maintenu ou renforcé leur relance budgétaire face à la poursuite de la crise du COVID-19 et aux mesures de freinage de la pandémie.

  • Aux États-Unis, le plan de sauvetage américain prévoit une relance supplémentaire de 1 900 milliards USD (8 ½ pour cent du PIB), qui passera principalement par des versements directs aux ménages et des allocations chômage complémentaires, et qui devrait être en grande partie décaissées en 2021. Ce plan neutralise largement le resserrement qui se serait produit sans cela. L’administration a également proposé 1 800 milliards USD de dépenses supplémentaires (l’équivalent de 8 ½ pour cent du PIB) pour réduire les émissions de carbone et renforcer les infrastructures et la recherche et développement au cours des dix prochaines années, financées essentiellement par l’impôt (« American Jobs Plan »), ainsi qu’un nouveau programme axé avant tout sur l’amélioration des possibilités pour les familles à faible revenu (« American Families Plan »), comprenant 1 000 milliards USD de dépenses et 800 milliards USD de baisses d’impôts sur dix ans. Ces propositions ne sont pas incluses dans les projections, et impliquent des risques de révisions à la hausse des prévisions concernant les États-Unis.

  • En ce qui concerne la zone euro dans son ensemble, la relance budgétaire de 2021 a également été élargie, mais dans une moindre mesure. De nombreuses économies de la région ont prolongé leurs mesures d’urgence, comprenant notamment des dispositifs plus généreux de maintien dans l’emploi et de subventions aux entreprises. Par ailleurs, dans les pays de l’Union européenne, les versements des fonds provenant de la Facilité pour la reprise et la résilience, qui s’inscrivent dans le cadre du plan « Next Generation EU », soutiendront l’investissement public et accroîtront le soutien financier public à l’investissement privé en 2021-2224. Ces mesures ont été prises en compte dans les projections (annexe 1.A.).

  • Au Japon, de récentes mesures ont permis d’augmenter le budget des dépenses publiques consacré à la vaccination, les subventions aux administrations locales et l’investissement public (soit 1.2 % du PIB) en 2021. En outre, les autorités japonaises ont prévu, dans le cadre du budget initial pour l’exercice 2021, un fonds de réserve d’urgence pour la crise liée au COVID-19 (représentant 0.9 % du PIB) qui pourrait servir si la situation épidémiologique et économique s’avérait plus grave que prévu.

Sur la base des mesures annoncées par les gouvernements et des projections de l’OCDE (annexe 1.A.), une grande partie du soutien extraordinaire devrait être retiré à mesure que la reprise s’installe plus fermement. Une croissance économique solide et le retrait progressif des mesures de soutien d’urgence, en entraînant un resserrement discrétionnaire de la politique budgétaire tel que mesuré par l’évolution du solde primaire sous-jacent (voir plus loin), contribueront à réduire les déficits budgétaires en 2021 et 2022. En 2022, les déficits resteront tout de même supérieurs à leurs niveaux de 2019 (graphique 1.29, partie B). Dans certains cas, aux États-Unis notamment, le déficit budgétaire sera très élevé par rapport à ses niveaux historiques, en particulier étant donné le stade attendu du cycle conjoncturel (graphique 1.29, partie A). En outre, en 2021-22, la dette publique brute en proportion du PIB devrait continuer de croître dans la zone OCDE, bien qu’à un rythme inférieur à celui de 2020, pour atteindre d’ici à fin 2022 ses niveaux les plus élevés de ces quelques dernières décennies (graphique 1.29, parties C et D).

Concernant la prolongation des mesures de soutien, l’approche flexible déjà annoncée par de nombreux gouvernements devrait être maintenue. Les dépenses consacrées à la santé et à la vaccination devront être prioritaires aussi longtemps que nécessaire. Le retrait des mesures de soutien spécifiques liées à la crise devrait être subordonné à la levée des mesures de freinage de la pandémie, qui brident l’activité dans les secteurs à fortes interactions sociales. Les mesures d’urgence devraient être orientées vers les secteurs les plus durement touchés par le choc asymétrique de la pandémie de COVID-19. Les conséquences de la crise, notamment le surendettement de certaines entreprises et les pertes d’emplois, continueront de se faire sentir après la suppression des restrictions d’activité et nécessiteront un soutien ciblé pour éviter un nombre excessif de faillites et des séquelles trop importantes.

Les modifications de l’orientation budgétaire globale devraient être guidées par l’amélioration de la situation macroéconomique générale, notamment celle des indicateurs du marché du travail, en évitant un retrait trop brutal des mesures de relance. Fin 2022, l’écart de production devrait rester négatif dans la plupart des pays de l’OCDE et les indicateurs du marché du travail devraient rester généralement moins favorables qu’en 2019. Par conséquent, les gouvernements ne devraient pas procéder à un assainissement trop abrupt de leurs finances publiques. C’est l’hypothèse retenue dans les projections actuelles. Dans plusieurs pays de l’OCDE, l’orientation de la politique budgétaire discrétionnaire devrait être resserrée en 2022, et dans de moindres proportions en 2021, mais le solde primaire sous-jacent exprimé en pourcentage du PIB potentiel restera inférieur à ses niveaux d’avant la crise et la consommation et l’investissement publics devraient contribuer très positivement à la croissance du PIB réel en 2021-22 dans de nombreux pays (graphique 1.30, parties A et B)25.

Dans l’Union européenne, les règles budgétaires de l’UE auront une incidence sur l’orientation de la politique budgétaire. La clause dérogatoire générale qui a permis de les suspendre au début de la crise du COVID-19 devrait être prorogée jusqu’en 2022. Cela étant, si les règles en vigueur avant la pandémie devaient être rétablies, les pays très endettés ne pourraient pas les respecter sans procéder à un assainissement de leurs finances publiques de grande ampleur et de longue durée26. Il est donc urgent de réviser les règles budgétaires rigides, complexes et procycliques. L’objectif d’une réforme des cadres existants devrait être de garantir la viabilité de la dette, d’assurer une stabilisation conjoncturelle suffisante et de renforcer l’adhésion nationale à ces règles. Des solutions possibles consistent à remplacer la multiplicité actuelle de règles numériques par une règle de dépense, arrimée à des objectifs nationaux de ratio de dette, ou à donner aux pays davantage de latitude pour réformer leur cadre budgétaire en conformité avec des directives plus qualitatives au niveau de l’UE (Claeys et al., 2016 ; Darvas et al., 2018 ; Blanchard et al., 2021 ; Martin et al., 2021 ; OCDE, 2021f).

Malgré l’augmentation de la dette publique dans la plupart des économies, garantir la soutenabilité de la dette ne devrait être une priorité qu’une fois la reprise bien engagée. Compte tenu de la faiblesse actuelle des taux d’intérêt, le service de la dette est plus gérable. Dans de nombreuses économies avancées, les rendements de la dette publique sont bien inférieurs tant à leurs niveaux historiques qu’aux taux futurs attendus de la croissance tendancielle du PIB nominal. Cette situation permet un soutien budgétaire prolongé, et notamment des investissements liés à la santé, à la transformation numérique et au changement climatique, dans le but d’assurer une reprise complète et durable. Comme indiqué précédemment, la politique monétaire doit rester accommodante pour contribuer au maintien de conditions financières propices, ce qui devrait permettre de maintenir à un niveau modeste les coûts du service de la dette publique, évitant un assainissement budgétaire prématuré.

Une fois la reprise bien installée, il conviendra, en plus de placer la dette publique sur une trajectoire durable, de remédier aux faiblesses passées dans la gestion des finances publiques en stabilisant les cycliques économiques, en préservant l’investissement et en relevant les défis démographiques. À cet égard, un examen minutieux paraît nécessaire.

  • Il faudra revoir l’ensemble des dépenses publiques pour garantir des dépenses appropriées dans les domaines et catégories de population prioritaires, et pour renforcer la croissance tout en assurant la viabilité de la dette. L’établissement de processus budgétaires augmentant les incitations à une planification prudente à long terme et offrant des informations complètes sur les finances publiques contribuerait à la formation des décisions budgétaires et à la viabilité de la dette. Les gouvernements devraient aussi renforcer leurs référentiels de contrôle des risques budgétaires afin de mieux surveiller, et de gérer activement, les garanties et participations au capital d’entreprises renflouées, et d’identifier les risques émergents pesant sur les finances publiques.

  • Il pourrait falloir aussi moderniser les systèmes fiscaux des États. Cette tâche implique un examen complet de la structure fiscale des pays prenant en compte les enjeux de croissance ainsi que des considérations d’inclusivité et de durabilité environnementale, qui devraient avoir davantage d’importance dans l’élaboration des politiques budgétaires après la crise. Une révision de la fiscalité du capital (revenus du capital, plus-values, impôts fonciers), du travail, de la consommation et du patrimoine devrait être envisagée à la lumière des objectifs de croissance et d’équité, pour rendre le système plus progressif si nécessaire. S’il convient d’être attentif aux effets redistributifs, un recours accru à la taxation du carbone pourrait être nécessaire et il faudra sans doute supprimer progressivement les subventions aux combustibles fossiles à l’avenir (voir plus loin). Relever les défis fiscaux de la transformation numérique de l’économie et veiller à ce que les entreprises multinationales paient un impôt minimum accroîtraient la capacité de prélèvement fiscal et pourraient concourir à une répartition équitable de la charge fiscale. Une coordination des politiques dans ce domaine améliorera l’efficacité des réformes, y compris en luttant contre l’évasion fiscale et en veillant à ce que des différends en matière de fiscalité ne se transforment pas en guerres commerciales, ce qui nuirait à la reprise (OCDE, 2020g).

La situation budgétaire des États est très variable au sein des économies de marché émergentes et des pays en développement, mais nombre d’entre eux sont confrontés à un arbitrage difficile entre les deux objectifs consistant à soutenir une croissance économique inclusive après le choc du COVID-19 et à garantir la viabilité de la dette. Dans beaucoup de pays, les stabilisateurs automatiques sont relativement faibles, et la capacité des autorités à procéder à une relance budgétaire discrétionnaire est bien inférieure à celle des économies avancées. Ainsi, la prolongation nécessaire des transferts sociaux au Brésil et l’augmentation des revenus de remplacement et des garanties de prêt en Afrique du Sud pourraient nécessiter de réduire d’autres dépenses pour abaisser les déficits budgétaires. La situation socio-économique de nombreux pays en développement s’est dégradée et risque de devenir intenable dans certains d’entre eux au vu de la charge croissante de la dette. Les mesures prises par les différents pays pour contribuer à la viabilité de la dette sont à ce jour insuffisantes en l’absence d’engagement des créanciers privés, et certains pays y ont renoncé de crainte de voir leurs notes de crédit abaissées27. Pour pouvoir accorder un allégement de la dette aux pays en développement et garantir qu’un nouveau contrat de développement naisse de la crise actuelle, la communauté internationale devra convaincre les créanciers publics et privés de réduire la charge de la dette et mobiliser des ressources pour financer la reprise. Dans le même temps, les économies de marché émergentes et les pays en développement devront améliorer la transparence de leurs finances publiques, y compris en faisant état des emprunts bilatéraux opaques, des passifs éventuels et des mesures quasi budgétaires qui entraînent une accumulation de risques financiers.

Les efforts en matière de réformes structurelles doivent être intensifiés dans tous les pays en vue de réduire l’impact négatif de la crise, d’améliorer la résilience face aux chocs à venir et de renforcer les perspectives d’une croissance durable et inclusive (OCDE, 2021d). La crise nécessitera probablement une forme de redéploiement des ressources du capital et du travail, dans des proportions qui demeurent toutefois incertaines. Certains secteurs touchés de plein fouet par les exigences de distanciation physique et l’évolution connexe des préférences des consommateurs pourraient ne jamais retrouver leur taille initiale après la crise. Le passage durable au télétravail, la diminution des voyages d’affaires et l’essor des services par voie numérique, tels que le commerce électronique, pourraient modifier la structure des emplois et leurs emplacements. Ce type d’évolutions potentielles amplifie les difficultés qui existaient déjà depuis longtemps avant la pandémie, qu’il s’agisse de la longue phase de faible productivité, du creusement des inégalités des chances et des situations, ou de la nécessité de s’adapter aux défis à long terme de la transformation numérique et du changement climatique. Les mesures adoptées pour favoriser la reprise post-COVID-19 offrent une occasion de remédier à ces défis, qu’ils soient anciens ou nouveaux.

L’ordre des réformes sera particulièrement important pour aider la reprise économique à prendre de l’élan (OCDE, 2021d). Les mesures de nature budgétaire, comme les projets d’investissement dans les infrastructures publiques de réseaux numériques, le transport et l’énergie, peuvent contribuer à soutenir la demande, améliorer la productivité et constituer un vaste gisement d’emplois pour les travailleurs licenciés. L’octroi d’aides élevées au revenu pour les ménages les plus pauvres concourt à une reprise plus inclusive et au soutien de la demande, compte tenu de la plus forte propension marginale de ces foyers à consommer. Renforcer l’activation et l’acquisition de compétences, tout en intensifiant le dynamisme économique en levant les barrières à l’entrée sur le marché, améliorera également les chances de chacun de trouver un emploi et contribuera à un redéploiement des ressources porteur de gains de productivité.

S’il demeure nécessaire de soutenir les revenus des ménages et des entreprises, cette aide doit être minutieusement ciblée afin de faciliter la réaffectation indispensable des ressources du capital et du travail à travers les secteurs et les entreprises.

  • Un défi majeur sera d’apporter un soutien suffisant aux emplois viables tout en aidant les travailleurs licenciés à trouver de nouveaux emplois dans d’autres secteurs ou d’autres lieux. Dans les secteurs qui ne se voient pas imposer de restrictions, il pourrait être demandé aux entreprises de participer de manière croissante aux coûts des dispositifs de chômage partiel afin d’identifier les emplois les plus susceptibles de rester viables, les autres secteurs continuant de bénéficier d’un soutien sans condition (OCDE, 2020h ; 2021g). Une telle politique doit s’accompagner de mesures structurelles visant à renforcer la formation ainsi que l’aide à la recherche d’emploi et au placement par le biais des services publics de l’emploi. Établir des critères d’ajustement précis et adaptés aux circonstances, en liant par exemple l’utilisation des ressources à la situation du marché du travail, permettrait d’accroître l’efficacité des réformes.

  • De la même manière, les gouvernements doivent s’efforcer d’équilibrer le soutien aux entreprises à même de faire à nouveau appel aux marchés financiers à mesure que la reprise s’installe, avec des mesures de retrait progressif des aides aux autres entreprises. Le financement par emprunt bancaire et les garanties de crédit ont permis d’alléger les contraintes financières immédiates mais les financements par apport de fonds propres bénéficieraient à de nombreuses entreprises, dont des PME (OCDE, 2021h). Parmi les approches possibles figurent la conversion de certains prêts publics liés à la pandémie en subventions dont le remboursement est subordonné aux résultats et à une évaluation régulière de la viabilité, ou le renforcement des incitations au financement par apport de fonds propres du secteur privé et la coparticipation aux dispositifs de soutien public.

Le recours croissant aux plateformes en ligne et au télétravail pendant la pandémie a mis en lumière les possibilités offertes par les technologies numériques. Comme cela était déjà le cas avant la crise sanitaire, l’accès à ces possibilités a été très variable selon les pays et à l’intérieur même de chacun d’entre eux (Eurofound, 2020). Aux États-Unis, comme dans d’autres pays, les travailleurs plus diplômés, plus âgés et à temps plein du secteur des services aux entreprises ont pu plus facilement télétravailler que les employés plus jeunes, moins diplômés et à temps partiel (graphique 1.31, partie A). L’utilisation des plateformes en ligne a augmenté partout, mais de façon particulièrement importante dans les pays les plus développés sur les plans économique et technologique, où les restrictions en termes de connectivité et d’accès aux infrastructures sont peu nombreuses, et où les compétences numériques sont plus élevées (graphique1.31, partie B ; OCDE, 2021i). Les fermetures d’établissements scolaires ont également mis en lumière les écarts en termes d’accessibilité, de qualité et d’utilisation des ressources d’enseignement et d’apprentissage numériques pour les élèves et les étudiants (OCDE, 2021j). Il est nécessaire de mettre en œuvre des politiques efficaces et correctement ciblées pour accélérer la transformation numérique des activités des secteurs public et privé, et garantir que les ménages les plus pauvres, les petites entreprises, les régions reculées et les pays à faible revenu ne soient pas exclus. Améliorer la connectivité à haut débit, aider les entreprises à développer des modèles d’activité en ligne, renforcer l’acquisition de compétences numériques et garantir la sécurité des paiements en ligne et des données personnelles sont autant de réformes à même d’encourager la transformation numérique.

La transition numérique peut également améliorer le bien-être et les niveaux de vie en augmentant la productivité et en accroissant l’éventail et la qualité des produits à la disposition des consommateurs. Cela étant, il reste difficile de discerner, dans l’évolution de la compétitivité agrégée, l’impact des investissements déjà réalisés dans les technologies numériques, en partie parce que l’adoption de ces technologies par les différentes catégories d’entreprises a été très variable. Les grandes entreprises et celles qui sont les plus productives sont les plus susceptibles d’avoir investi dans ce domaine, ce qui a contribué à creuser l’écart de productivité avec les entreprises moins converties au numérique et moins productives (Sorbe et al., 2019). Selon une étude, en Europe, plus des deux-tiers des entreprises doivent encore investir dans les technologies numériques de pointe, contre à peine plus d’un quart aux États-Unis (BEI, 2021), les écarts les plus importants ayant été observés dans les secteurs des services et de la construction dont les marchés restent très morcelés en Europe. Les politiques publiques ont un rôle important à jouer pour combler les disparités d’adoption des technologies numériques entre entreprises, secteurs et pays. La résilience et le haut débit des réseaux à large bande, la réduction des obstacles à l’entrée sur le marché et au commerce numérique, l’amélioration de l’accès aux financements des jeunes entreprises et l’investissement dans des actifs incorporels complémentaires, comme les compétences techniques et managériales, sont autant de facteurs importants pour pouvoir gagner en productivité à la faveur de la transformation numérique (Andrews et al., 2018 ; Sorbe et al., 2019).

Les efforts déployés par les gouvernements pour soutenir la reprise doivent être l’occasion d’accélérer la transition vers une économie bas carbone et de limiter la menace à long terme liée au changement climatique. Si rien n’est fait, les émissions de gaz à effet de serre repartiront à la hausse, après avoir baissé en 2020 durant la pandémie. De nombreux pays, dont une majorité des États membres de l’OCDE, se sont engagés, dans le cadre de l’Accord de Paris, à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à atteindre la neutralité carbone sur le long terme. Cependant, des mesures spécifiques en termes de politiques, de réglementations et de normes n’ont soit pas été prises, soit pas été suffisantes pour réduire les émissions de manière durable (AIE, 2021). Actuellement, la tarification des émissions carbone est trop faible, voire inexistante, les subventions aux combustibles fossiles demeurent très répandues et de nouveaux investissement visant à accroître leur offre sont encore engagés. Dans les 44 pays de l’OCDE et du G20 responsables de 80 % des émissions mondiales, 81 % des émissions faisaient l’objet d’un tarif inférieur au prix de référence de 60 EUR par tonne de CO2 (en 2018 ; graphique 1.32), et 55 % des émissions de CO2 n’étaient soumises à aucune tarification (OCDE, 2021k)28. En outre, les subventions aux combustibles fossiles continuent de fausser les signaux de prix et de peser sur les budgets publics.

Il faudra également éviter d’investir encore dans l’offre de combustibles si l’on veut maintenir une trajectoire durable pour atteindre zéro émissions nettes de dioxyde de carbone à l’horizon 2050 (AIE, 2021). Certains gouvernements ont intégré des mesures « vertes » dans leur plan de relance et leurs programmes d’investissement en réponse à la pandémie, mais elles ne représentent généralement qu’une faible part du soutien total apporté et ont été largement neutralisées, jusqu’à présent, par d’autres initiatives dont l’impact sur l’environnement est mitigé ou négatif (OCDE, 2021l)29.

Selon les recherches de l’OCDE, les politiques environnementales passées semblent avoir produit globalement des effets bénéfiques à court terme sur la situation environnementale, mais avoir eu un impact agrégé relativement modeste sur différents aspects de l’activité des entreprises, dont l’emploi et l’investissement (OCDE, 2021m). Il existe toutefois de nettes disparités entre les secteurs et entre les entreprises, les plus productives d’entre elles s’en sortant relativement bien, tandis que les moins productives et les industries polluantes doivent supporter des coûts plus élevés. Les ménages à faible revenu sont aussi affectés de manière disproportionnée par l’augmentation des prix relatifs de l’électricité et du chauffage. Lutter contre le changement climatique et atteindre l’objectif de neutralité carbone nécessitent donc d’agir dans de nombreux domaines d’action afin de renforcer les incitations et les mécanismes fondés sur le marché pour suivre la voie de la transition vers une économie plus verte, tout en prenant des mesures pour compenser les effets de répartition négatifs sur les ménages les plus pauvres et pour faciliter le redéploiement des ressources et l’acquisition de compétences.

Une feuille de route précise concernant l’alignement des signaux de prix à long terme et des objectifs environnementaux et climatiques, au moyen notamment d’une tarification du carbone et d’une baisse des subventions aux combustibles fossiles, réduirait l’incertitude entourant les politiques environnementales et, par conséquent, les obstacles à l’investissement dans des technologies propres (graphique 1.33). D’autres outils budgétaires devraient également jouer un rôle important. Il s’agit par exemple de subordonner les aides aux entreprises à des objectifs environnementaux, d’établir des incitations en faveur de bâtiments et d’appareils économes en énergie, et de lancer de nouveaux projets d’investissement en infrastructures, dont l’extension et la modernisation des réseaux électriques, et les dépenses dans les énergies renouvelables.

Des politiques réglementaires, financières et d’innovation sont aussi indispensables pour faciliter la transformation environnementale au travers de l’élaboration de normes, du développement de nouveaux instruments financiers pour des projets de long terme à bas carbone, et du soutien à la conception et à la diffusion de nouvelles technologies. Toutes ces initiatives devraient s’accompagner de mesures de compensation visant à atténuer l’impact négatif sur les ménages les plus pauvres et sur les régions et petites entreprises affectées, et à aider les travailleurs ayant perdu leur emploi à acquérir de nouvelles compétences pour tirer parti de nouveaux débouchés professionnels.

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Les hypothèses concernant les paramètres des politiques budgétaires pour 2021-22 sont fondées autant que possible sur les mesures concernant la fiscalité et les dépenses qui ont été adoptées par les parlements, et sont cohérentes avec les projections de croissance, d’inflation et de salaires. Lorsque des projets ont été annoncés par les gouvernements sans avoir été adoptés par le pouvoir législatif, il en est tenu compte s’il paraît clair qu’ils seront mis en œuvre sous une forme proche de celle qui a été annoncée. Lorsqu’on ne dispose pas d’informations suffisantes pour déterminer quels seront les résultats budgétaires, on présume que les soldes primaires sous-jacents resteront inchangés en pourcentage du PIB potentiel, ce qui suppose l’absence de modification discrétionnaire de l’orientation de la politique budgétaire.

Les projections relatives aux pays de l’UE tiennent compte des dépenses financées par les subventions et prêts accordés dans le cadre de la Facilité pour la reprise et la résilience (FRR) de l’UE, fondées sur des appréciations de la ventilation par année et par catégories de dépenses que des experts ont formulées à partir des plans ayant fait l’objet d’une annonce officielle, le cas échéant. On présume que les subventions FRR octroyées n’ont pas d’incidence sur les finances publiques, autrement dit qu’elles ont pour effet une augmentation à la fois des recettes d’impôts sur le capital et des transferts en capital reçus d’une part et des dépenses publiques d’autre part. En outre, le solde des mesures ponctuelles a été ajouté afin de rendre compte des mesures de relance discrétionnaires associées aux subventions FRR, telles que mesurées par l’évolution des soldes primaires sous-jacents.

S’agissant de la politique monétaire, les hypothèses relatives au profil d’évolution des taux d’intérêt directeurs et aux mesures non conventionnelles représentent le résultat le plus probable, sur la base des projections de l’OCDE concernant l’activité économique et l’inflation, celles-ci pouvant être différentes de la trajectoire indiquée par les autorités monétaires.

Les projections reposent sur l’hypothèse que les taux de change resteront aux niveaux observés à la date du 5 mai 2021, où le dollar des États-Unis valait 108.9. JPY, 0.83 EUR (ce qui signifie que l’euro valait 1.20 USD) et 6.48 CNY.

On suppose que le cours du baril de pétrole brut de référence Brent restera constant à 65 USD pendant toute la période considérée. On pose comme hypothèse que les prix des produits de base non pétroliers resteront également inchangés au cours de la période considérée, à leurs niveaux moyens depuis avril 2021.

Ces projections sont établies à partir d’informations collectées jusqu’à la date du 21 mai 2021.

Les projections trimestrielles de l’OCDE sont établies à partir d’une sélection de variables clés corrigées des variations saisonnières et des jours travaillés. De ce fait, il peut y avoir des différences entre les données annuelles corrigées et non corrigées, mais celles-ci sont généralement très minimes. Dans certains pays, les prévisions officielles de résultats annuels ne sont pas corrigées des jours travaillés, et même quand elles le sont, l’ajustement peut dans certains cas différer dans son ampleur de celui retenu par l’OCDE.

Notes

← 1. Au premier trimestre 2021, la production automobile a été, en Allemagne, inférieure d’environ 15% à celle du quatrième trimestre 2020, ce recul ayant été respectivement de 10 % et 7 % aux États-Unis et au Japon.

← 2. Pour la zone OCDE dans son ensemble, un assouplissement budgétaire à hauteur d’environ 2 ¼ pour cent du PIB potentiel est désormais projeté pour 2021 compte tenu de l’évolution du solde primaire sous-jacent des administrations publiques, qui constitue un indicateur conventionnel, quoiqu’incertain, de l’orientation budgétaire. À titre de comparaison, les Perspectives économiques de l’OCDE parues en décembre 2020 projetaient un assouplissement budgétaire à hauteur d’à peine 1 ½ pour cent du PIB potentiel cette année.

← 3. Les pénuries d’offre dans le secteur des semi-conducteurs ont été induites par l’envolée de la demande de matériel électronique liée à l’enseignement à distance et au télétravail pendant la pandémie de COVID-19, ainsi qu’à l’extraction accrue de crypto-monnaies due à leurs prix, et par l’augmentation de la demande de voitures. Étant donné que les capacités supplémentaires de production de microprocesseurs attendues à court terme devraient être limitées et que la vigueur de la demande devrait se poursuivre, les contraintes liées à l’offre vont persister quelque temps, d’où une possible hausse des prix des biens de consommation finale. Ainsi, une étude estime que les pénuries potentielles d’offre dans le secteur des semi-conducteurs pourraient entraîner, aux États-Unis, une hausse de l’inflation globale de 0.1 à 0.4 point en 2021 par rapport à il y a un an (Goldman Sachs, 2021).

← 4. En France, par exemple, la hausse des prix sur 12 mois aurait été en avril 2020 supérieure de 1.1 point si les coefficients de pondération de l’IPC avaient tenu compte de l’évolution des habitudes de consommation (par exemple du recul de 70 % à 90 % de la consommation de services de transport et d’hébergement/restauration et de carburant), au lieu de s’en tenir au panier de consommation d’avant le COVID-19 (INSEE, 2020 ; Gautier et al., 2020). Ce biais à la hausse est estimé à 0.2 point pour l’ensemble de la zone euro (Kouvavas et al., 2020), à 0.4 point au Royaume-Uni et à 0.7 point aux États-Unis (Cavallo, 2020).

← 5. En Italie, par exemple, l’inflation sur 12 mois a augmenté temporairement de 1.2 point en juillet 2020, en raison du report d’un mois des soldes d’été. Des faits comparables ont été observés en janvier et février 2021. On estime que les baisses temporaires de TVA dans la zone euro, au premier chef en Allemagne, ont diminué l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) d’environ 0.7 point en juillet 2020 (Koester et al., 2020), tandis que l’annulation de ces changements de fiscalité a entraîné une augmentation de même ampleur de l’inflation dans la zone euro en janvier 2021.

← 6. Par exemple, aux États-Unis, les rubriques « autres frais d’hébergement hors foyer, y compris hôtels et motels », « tarifs aériens » et « prix des billets d’entrée » entrant dans le calcul de l’IPC de février 2020 à février 2021 , ont diminué respectivement de 14.9 %, 25.6 % et 5.2 %. Compte tenu des coefficients de pondération appliqués dans la publication de l’IPC de février, la contribution de ces secteurs au taux d’inflation mesuré par l’IPC sur douze mois a été de -0.3 point. En avril 2021, les variations de prix des mêmes trois composantes sur 12 mois ont été respectivement de +7.4 %, +9.6 % et -0.5 % et leur contribution totale au taux d’inflation globale a été de 0.1 point. De février à avril, elles ont représenté, à elles trois, à peine moins d’un-tiers de l’augmentation de 1.7 point du taux d’inflation global annuel.

← 7. Dans le scénario favorable, ces facteurs sont pris en compte en partant de l’hypothèse que les taux d’épargne simulés des ménages reculeront moitié moins que dans d’autres grandes économies.

← 8. Certaines données d’enquêtes provenant des États-Unis laissent penser que les aides aux ménages ont été affectées, dans des proportions à peu près égales, à des dépenses de consommation, à des remboursements d’emprunts et à l’épargne. Les chiffres exacts diffèrent selon les études et dans le temps, mais le montant de revenu supplémentaire affecté à la consommation n’a pas dépassé la fourchette de 25 %-40 % (Baker et al., 2020 ; Coibion et al., 2020 ; Armantier et al., 2021). Dans la zone euro, l’augmentation de l’épargne des ménages durant les neuf premiers mois de l’année paraît moins imputable à une épargne de précaution qu’à une épargne forcée (sous l’effet de la baisse de la consommation due aux mesures de freinage et à la crainte de la contamination) (Deutsche Bundesbank, 2020 ; Banca d’Italia, 2021 ; Cuenca et al., 2021).

← 9. Dans le système de comptabilité nationale, l’épargne des ménages correspond à la fraction du revenu disponible qui n’est pas dépensée en consommation. Cette épargne peut être affectée à l’acquisition d’un bien immobilier (investissement résidentiel) ou d’actifs financiers (y compris au dépôt de fonds en banque), ou encore au remboursement d’emprunts. Il n’y a donc pas lieu d’établir une corrélation entre les variations des dépôts bancaires et du solde d’épargne de la comptabilité nationale. L’évolution des dépôts bancaires peut résulter en partie de transactions sur des actifs financiers et non financiers et ne pas avoir de lien avec les flux d’épargne sur une période donnée. Par exemple, les dépôts bancaires des ménages peuvent augmenter lorsque le secteur des ménages dans son ensemble revend (en net) ses avoirs en obligations et actions.

← 10. Aux États-Unis, le placement en banque des produits des cessions d’actions et d’obligations a peut-être été l’une des causes de l’augmentation massive des dépôts bancaires des plus aisés et des hauts revenus, qui possèdent d’importants portefeuilles d’actifs financiers de ce type.

← 11. Selon certaines données d’enquêtes au Royaume-Uni, un nombre sensiblement supérieur de ménages à haut revenu et plus âgés ont augmenté, plutôt que diminué, leur épargne en 2020, tandis que l’inverse vaut pour les chômeurs (Tenreyro, 2021). En France, les données fournies par un groupe bancaire montrent que les ménages aisés sont les principaux responsables de l’augmentation, en valeur, de l’épargne bancaire, même si ce sont les ménages possédant peu de patrimoine financier qui ont enregistré la plus forte hausse en pourcentage (Bonnet et al., 2021 ; Fiz et al., 2021).

← 12. L’analyse repose sur des données recueillies au niveau des entreprises, fournies par S&P Capital IQ. L’échantillon comprend 55 000 entreprises non financières publiques et privées opérant dans les pays de l’OCDE et dans les grandes économies de marché émergentes (hors OCDE), dont les comptes de l’exercice 2020 sont désormais accessibles. Les entreprises de l’échantillon sont de taille relativement grande et représentent collectivement un montant d’endettement de 25 000 milliards USD. L’entreprise médiane de l’échantillon a enregistré 30 millions USD de chiffre d’affaires en 2019, et son actif représente 35 millions USD. Dix pour cent des entreprises de l’échantillon sont implantées dans des économies de marché émergentes.

← 13. Le secteur de l’énergie regroupe essentiellement les entreprises opérant dans le secteur pétrolier à différents stades du processus de production (forage, exploration, raffinement, stockage, etc.). Les entreprises travaillant dans la production et distribution d’énergie, notamment de gaz et d’électricité, sont classées sous la rubrique « Services d’utilité publique » et ont nettement moins souffert des conséquences du choc lié au COVID-19.

← 14. Cinq pour cent des entreprises déclarent des fonds propres négatifs, et moins de 2 % un RCI inférieur à 1 pour l’exercice 2020. Ces pourcentages n’ont quasiment pas varié par rapport à l’exercice 2019. Le constat est le même lorsque l’on retient le montant de dette de ces entreprises (plutôt que le nombre d’entreprises).

← 15. Les raisons sous-tendant le ralentissement du nombre de faillites peuvent différer en fonction de la taille de l’entreprise. Les grandes entreprises sont davantage en mesure de survivre « par leurs propres moyens », au moins dans certains secteurs, tandis que les plus petites risquent de dépendre davantage des aides publiques et/ou d’une suspension temporaire des procédures de faillite.

← 16. Il se peut que même concernant les grandes entreprises, certaines conventions comptables aient abouti à sous-estimer l’ampleur du choc sur leur bilan, car les comptes de l’exercice 2020 ne restituent parfois que partiellement l’impact de la pandémie. Par exemple, les comptes clôturés à la date de juin 2020 ne prennent en compte que la première salve des mesures de confinement et sont maintenus à flot par la période antérieure à la pandémie. Cela étant, le phénomène est relativement rare dans l’échantillon utilisé.

← 17. Sur la base des estimations du soutien budgétaire fournies dans FMI (2021) tenant compte des dépenses supplémentaires (et pertes de recettes), injections de fonds propres et mécanismes de prêt et de garantie de prêt liés à la pandémie de COVID-19. L’évolution de la proportion d’entreprises en difficultés entre l’exercice 2019 et l’exercice 2020 correspond à la moyenne de deux indicateurs dans l’échantillon d’entreprises utilisé dans la base de données S&P Capital IQ, à savoir le nombre d’entreprises ayant des fonds propres négatifs et le nombre d’entreprises ayant un ratio de couverture des intérêts inférieur à 1.

← 19. En février 2021, Moody’s a abaissé la note de la dette souveraine à long terme de la Tunisie, la rétrogradant à la catégorie spéculative. En mars 2021, S&P a révisé à la baisse sa note de la dette souveraine à long terme du Chili, tout en la maintenant dans la catégorie « investissement » et a rétrogradé, en mai 2021, la dette souveraine de la Colombie dans la catégorie spéculative.

← 20. Le financement monétaire des déficits publics continue de peser sur la dynamique des changes et de l’inflation en Argentine. En Turquie, les inquiétudes relatives aux politiques macroéconomiques après la fin inattendue du mandat du gouverneur de la banque centrale fin mars 2021 ont entraîné de nouveau une forte dépréciation de la monnaie.

← 21. Cette tendance s’est inversée depuis le « taper tantrum » dans le cas de la Turquie. En 2020, le pays a même augmenté ses émissions de dette publique en devises à 37 % de la dette totale, contre 25% en 2019 (Ministère turc du Trésor et des Finances, 2021).

← 22. En Turquie, le retour à un excédent de la balance courante en 2019, après un déficit (de 2.1 % du PIB) en 2018, a été associé à une forte baisse de la demande intérieure totale cette année-là.

← 23. Par exemple, les accords de lignes de crédit modulables conclus par le FMI avec le Mexique et la Colombie offrent une assurance contre la pénurie de liquidité en devises. Au Costa Rica, l’approbation par le FMI du mécanisme élargi de crédit devrait stimuler la reprise économique et permettre le maintien des aides aux ménages fragiles tout en préservant la viabilité de la dette publique.

← 24. Ces versements sont conditionnés à la ratification de la décision relative aux ressources propres par tous les pays de l’UE et à l’évaluation, par la Commission européenne, des programmes nationaux qui y sont associés ainsi qu’à leur approbation par le Conseil.

← 25. Cette mesure fait état de l’assouplissement ou du resserrement discrétionnaire de l’orientation budgétaire, c’est-à-dire des évolutions des soldes budgétaires qui ne résultent pas des fluctuations cycliques des dépenses et recettes publiques et des éléments exceptionnels. Par définition, elle ignore donc l’impact budgétaire des stabilisateurs automatiques et ne se traduit pas facilement en termes de croissance du PIB. Par ailleurs, lors de fortes récessions s’accompagnant d’importantes modifications des politiques, comme cela a été le cas durant la pandémie de COVID-19, des erreurs de mesures sont plus probables, reflet de l’évolution des élasticités, des difficultés à identifier les éléments ponctuels et des incertitudes entourant les estimations de l’écart de production.

← 26. En 2022, six pays de l’UE membres de l’OCDE devraient voir leur ratio dette/PIB avoisiner ou atteindre un niveau au moins deux fois supérieur à la valeur de référence de Maastricht, fixée à 60 %.

← 27. Il s’agit de l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) lancée par le G20, qui a permis à 73 pays à faible revenu d’interrompre les paiements liés au service de leur dette sur les prêts gouvernementaux bilatéraux entre mai et décembre 2020, et qui a été prolongée jusqu’à la fin 2021 ; du Fonds fiduciaire d’assistance et de réponse aux catastrophes (FMI) permettant l’allégement de la dette de 29 pays à faible revenu, soutenu par des fonds de l’UE ; ainsi que du Cadre commun pour le traitement de la dette au-delà de l’ISSD, qui permet aux gouvernements dont la dette n’est pas viable d’entamer un processus de restructuration impliquant les créanciers bilatéraux officiels, et d’un traitement comparable réservé aux créanciers privés en vertu d’un programme du FMI.

← 28. Elles ne sont pas soumises à une taxe carbone ou à des droits d’accise, et ne font pas partie d’un système d’échange de quotas d’émissions.

← 29. En mars 2021, les dépenses affectées aux mesures vertes représentaient, selon des estimations, 17 % environ des dépenses de relance (ou 2 % des dépenses totales liées au COVID-19) annoncées par 43 pays, dont tous les États membres de l’OCDE, et l’Union européenne (OCDE, 2021l).

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